L’agence de presse sud-coréenne Yonhap a affirmé qu’il s’agissait de Scuds ou de Rodong-1, dont la portée théorique (1000-1300 km) aurait été bridée. Pyongyang avait testé jeudi quatre missiles, mais leur rayon d’action n’avait été estimé qu’à 120 km. Déjà en 2006, la Corée du Nord avait privilégié la fête nationale américaine pour effectuer les tirs de sept missiles, parmi lesquels un à longue portée Taeopodong-2 (6700 km) censé pouvoir atteindre l’Alaska. L’engin avait explosé peu après le décollage.
«C’est un avertissement voilé adressé aux Etats-Unis et à la communauté internationale leur signifiant que, la prochaine fois, cela pourrait être un missile longue portée», relève le professeur Kim Yong-Hyun de l’Université Dongguk, à Séoul. «Les essais de missiles de jeudi s’inscrivaient apparemment dans le cadre d’un exercice militaire, mais ceux d’aujourd’hui (...) semblent avoir des objectifs politiques», estime pour sa part un responsable gouvernemental sud-coréen, sous le couvert de l’anonymat.
Le Ministère sud-coréen des affaires étrangères a exprimé son «profond regret» face aux agissements du Nord, «au mépris des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU». Le Japon, sur les dents à chaque regain de tension avec Pyongyang en raison de sa proximité géographique et du passif entre les deux pays, a condamné «un grave acte de provocation».
Ulcéré par les manœuvres annuelles entre la Corée du Sud et les Etats-Unis, le régime de Kim Jong-il argue de son droit à «l’auto-défense» et procède régulièrement à des exercices et des tirs de missiles, généralement lorsqu’il cherche à manifester son mécontentement ou à peser sur des négociations en cours. Ces tirs sont extrêmement coûteux pour le pays, où une grande partie de la population vit dans la famine, la terreur et le sous-développement.
La réaction de Washington
La Corée du Nord ne doit pas «aggraver les tensions» et la série de tirs expérimentaux de missiles effectués jeudi et samedi par Pyongyang «ne contribuent pas» à les atténuer, déclare samedi le Département d’Etat américain. Elle «devrait se concentrer sur les négociations de dénucléarisation et la mise en oeuvre de ses engagements pris dans le communiqué conjoint datant du 19 septembre 2005», indique à l’AFP le porte-parole du Département d’Etat Karl Duckworth.