Nicolas Sarkozy, comme François Hollande, flirte sans cesse avec l’idée de transformer l’institut d’émission de la zone euro en prêteur de dernier ressort pour les Etats membres, sur le modèle de «l’assouplissement quantitatif» (quantitative easing) pratiqué depuis mars 2009 par la Banque d’Angleterre. Laquelle a acheté plus de 200 milliards de livres d’actifs d’institutions financières britanniques et d’obligations d’Etat.
Problème: l’Allemagne ne veut pas en entendre parler. Et beaucoup de spécialistes jugent déjà que la BCE est allée très (trop?) loin dans son programme de rachat de titres souverains (plus de 200 milliards d’euros) et d’injection de liquidités pour les banques (plus de mille milliards d’euros au total, dont 529 en février). Jacques Delors, pourtant socialiste, estimait récemment «très dangereux» de continuer sur cette pente. Motif: la crédibilité de l’euro pourrait s’en trouver ruinée.
La BEI à la limite de ses capacités
La Banque européenne d’investissement (BEI) basée à Luxembourg est de plus en plus citée comme la solution de secours. Problème: très sollicitée depuis le début de la crise (61 milliards d’euros de prêts en 2012, dont 54 pour des projets au sein de l’UE), celle-ci a une capacité d’emprunt aujourd’hui limitée du fait que son encours total (360 milliards d’euros) représente près de neuf fois ses fonds propres (40 milliards). L’impliquer davantage exigera donc, pour les 27 Etats membres actionnaires, de remettre au pot.
Euro-obligations, l’envers du décor
C’est le paradoxe d’une relance par l’endettement public européen. Même si les futures euro-obligations servent uniquement à financer des projets d’infrastructures énergétiques ou de transport, il faudra bien trouver des bailleurs de fonds. Un exercice d’autant plus délicat que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) emprunte déjà pour venir au secours du Portugal et de l’Irlande. Tandis que le futur Mécanisme européen de stabilité (MES) pourrait très vite l’imiter pour assister l’Espagne.
Compte tenu de l’état des établissements financiers européens, l’attention se porte donc vers les grands fonds souverains, de la Norvège aux puissances émergentes ou pétrolières (Chine, Qatar…). Avec des contraintes stratégiques évidentes. L’autre solution préconisée pour financer un plan «Marshall» version 2012 serait d’augmenter le budget communautaire (147 milliards d’euros de crédits d’engagement en 2012) par la création de ressources propres. Mais les Britanniques y sont hostiles. Et Nicolas Sarkozy a embrayé en proposant de geler l’augmentation prévue pour 2013 de la contribution française.