Le G20 débattra bel et bien de la crise syrienne
Syrie
Le président russe Vladimir Poutine a nuancé ses propos sur une éventuelle intervention contre le régime de Bachar el-Assad

La Russie est-elle en passe de changer d’avis sur la Syrie? La question est sur toutes les lèvres à Saint-Pétersbourg à la veille du Sommet du G20. Les dirigeants mondiaux se retrouvent ces jeudi et vendredi pour parler essentiellement de la relance économique de fiscalité, mais l’agenda semble être bousculé par la crise syrienne. La Russie est une vieille alliée du régime syrien et l’un de ses principaux fournisseurs d’armes.
La présidence russe a pourtant entamé un virage dès mardi soir. Selon le Moscow Times de mercredi, Yuri Ushakov, conseiller du président Poutine en Affaires étrangères, a expliqué que la crise syrienne pourrait désormais être intégrée à l’agenda. Il a tout de même ajouté que «le G20 ne peut se substituer au Conseil de sécurité de l’ONU. Il ne peut décider d’une intervention militaire, mais c’est une bonne plateforme pour en débattre.»
Dans la journée de mercredi, la présidence russe a encore précisé sa position. Lors d’un point de presse, un porte-parole a littéralement expliqué qu’il serait ridicule d’éviter le sujet syrien alors même que tous les principaux chefs d’Etats seraient réunis autour d’une même table. Il a aussi déclaré que la crise syrienne était, après tout, aussi un problème économique dans la mesure où elle pose des risques à la croissance économique mondiale et qu’elle a déjà déstabilisé les cours des produits énergétiques.
Par ailleurs, il a ajouté que le monde ne doit pas accepter que des armes chimiques ou le terrorisme deviennent monnaies courantes dans les conflits. Enfin, il a affirmé que le président russe et son homologue américain Barack Obama avaient partagé les mêmes points de vue sur la Syrie lors du dernier sommet du G8 en juillet en Irlande du Nord.
Autre information qui a semé le doute: dans une interview à une chaîne publique de télévision russe, le président Poutine a demandé que des preuves concrètes soient démontrées contre le régime syrien pour l’usage d’armes chimiques, affirmant que «son pays serait dans ce cas prêt à agir le plus résolument et sérieusement possible».
Enfin, selon l’AFP, le président Poutine a déclaré mercredi que la Russie avait suspendu certaines livraisons de systèmes de missiles s-300. «Nous avons fourni certains composants, mais nous n’avons pas achevé nos livraisons. Nous les avons pour l’instant suspendues», a-t-il déclaré. L’agence de presse cite par ailleurs une source haut placée au sein du complexe militaro-industriel russe selon qui les composants livrés n’étaient pas suffisants pour monter un système complet de missiles prêt à l’usage.
Vladimir Poutine veut-il sauver le G20 en se montrant quelque peu conciliant sur la crise syrienne? Cette question se pose au moment même où le président américain a multiplié des appels en faveur d’une intervention militaire en Syrie. Arrivé mercredi en Suède, il a déclaré que la communauté internationale perdrait de sa crédibilité s’il n’y avait aucune réaction contre l’usage d’armes chimiques en Syrie. Le président américain est attendu jeudi matin à Saint-Pétersbourg où il compte rencontrer ses alliés en vue d’une éventuelle intervention.