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Le G20, ce qu’il faut en retenir à la mi-journée

Atmosphère de guerre froide, bande à part pour les BRICS, les questions économiques éclipsées par la crise syrienne... Le G20 paraît avancer difficilement, pourtant il travaille. Notre envoyé spécial Ram Etwareea dresse un état des lieux des négociations, à quelques heures de sa cloture, en sept questions/réponses

Première photo de famille ce matin à Saint-Péterbourg, pour le 5e sommet du G20. — © AFP
Première photo de famille ce matin à Saint-Péterbourg, pour le 5e sommet du G20. — © AFP

■ Politique

Peut-on attendre une décision sur la Syrie ?

Apparemment pas. Le président américain Barack Obama, mais aussi le président français François Hollande, sont venus à Saint-Pétersbourg avec l’intention de convaincre leurs homologues sur la nécessité d’une action militaire contre la Syrie. Ils n’ont pas été entendus. La Russie, alliée historique et fournisseur d’armes à Damas, a certes infléchi sa position en disant qu’elle serait partante pour une action, mais seulement si l’utilisation d’armes chimique par le pouvoir en place était clairement prouvée.

Quelle est la position de l’Union européenne sur la Syrie ?

Présent à Saint-Pétersbourg, le président de la Commission européenne Herman van Rompuy a déclaré qu’il préférait d’abord attendre les résultats de l’enquête menée par les inspecteurs de l’ONU. Il s’est aussi prononcé pour une solution politique à la crise syrienne. La France, interventionniste, est isolée. En Grande-Bretagne, c’est le parlement qui a coupé l’élan du premier ministre David Cameron, partisan d’une action militaire. L’Allemagne, première puissance européenne, demande une solution politique.

Et celle des pays émergents ?

Menés par la Russie sur ce dossier, ils sont résolument contre une intervention militaire. Moscou a réfuté l’accusation américaine selon laquelle elle aurait fourni des armes chimiques à la Syrie. Pour la Chine, une nouvelle guerre constituerait une menace pour l’économie mondiale. Les prix pétroliers sont déjà volatiles en raison de l’instabilité liée aux bruits des bottes, a-t-elle fait remarquer. La Turquie, partisane d’une intervention, fait exception. Pays frontalier à la Syrie, elle accueille déjà plusieurs dizaines de milliers de réfugiés.

■ Economie

Quel constat le G20 dresse-t-il sur la situation économique mondiale ?

Il y a un consensus selon lequel l’Europe et les Etats-Unis, qui ont été frappés par la crise, renouent avec la croissance. Mais personne ne veut sabrer le champagne. José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, a insisté pour que les réformes se poursuivent. Selon lui, le plus grand défi consiste à créer des emplois, notamment pour les jeunes. Leur taux de chômage dans de nombreux pays européens tourne autour de 50%. Pour le président Poutine, le redressement des finances publiques ne suffit pas encore à créer les millions d’emplois manquants.

Qu’en est-il pour les pays émergents ?

Depuis quelques mois, ces derniers subissent une érosion de la valeur de leur monnaie respective. Ce phénomène est lié à la fin annoncée des programmes d’assouplissement monétaire en Europe et aux Etats-Unis et au retour des capitaux vers ces pays. Les pays ont exigé un retrait progressif et ordonné de leur politique d’argent facile. Barack Obama et José Manuel Barroso ont promis d’agir avec diligence. Ce dernier a affirmé que les économies étaient interdépendantes et qu’il était important que les pays émergents connaissent une croissance qui soit en ligne avec leur potentiel.

Le G20 a-t-il adopté les projets liés à la fiscalité ?

Oui. Primo, sur la fiscalité de l’épargne, les dirigeants mondiaux ont adopté le principe de faire du système d’échange automatique d’informations le standard mondial. Secondo, ils ont accepté le Plan d’action sur la fiscalité des entreprises, et de mettre fin à l’optimisation fiscale qui leur permet d’éviter le fisc. Selon l’OCDE qui a préparé le plan, les entreprises doivent payer des impôts là où elles génèrent les bénéfices. Enfin, ils ont adopté le plan de réformes du « Shadow Banking », qui concerne le financement de l’économie par le secteur non-bancaire.

Quels sont les autres points forts du sommet ?

Les dirigeants mondiaux ont débattu de nombreux autres sujets : la lutte contre la corruption, les réformes du Fonds monétaire international, la libéralisation du commerce mondial et la nécessité de réussir la prochaine conférence ministérielle à Bali en novembre, et l’aide au développement. L’ensemble de ces points est discuté par les sherpas (négociateurs) depuis des mois.