«Les diamants ne sont pas éternels», a lâché vendredi Charles Michel, président du Conseil européen. Et les promesses? Le sommet des dirigeants du G7 (Canada, Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni), qui se tient jusqu’à dimanche à Hiroshima (Japon) et auquel participent les dirigeants de l’UE, a dès son ouverture provoqué des déclarations en cascade et l’annonce de nouvelles sanctions visant à «priver la Russie des technologies, des équipements industriels et des services du G7 qui soutiennent son entreprise guerrière». Mais ceux qui espèrent un pas de plus vers le boycott des diamants russes risquent bien d’être déçus. Il en a été question, mais de façon très vague.

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Dubaï et Bombay en profitent

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’UE ont été les premiers à donner de la voix en annonçant durcir leurs positions pour bloquer la «machine de guerre russe». Le Royaume-Uni promet notamment des mesures ciblant le secteur minier russe, dont l’industrie du diamant. L’UE a également fait savoir son intention de «limiter le commerce des diamants russes». Or les gemmes de Sibérie ne figurent toujours pas dans le 11e paquet de sanctions contre Moscou sur lequel doivent s’entendre les Etats membres de l’UE.

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La Belgique veut protéger Anvers, centre mondial du diamant, par lequel passent 85% des diamants bruts, 50% des diamants taillés et 40% des diamants industriels. Et éviter que d’autres en profitent davantage, comme Dubaï ou Bombay, qui n’appliquent pas de sanctions contre la Russie, premier producteur du monde de diamants bruts. Le premier ministre belge, Alexander De Croo, fait partie de ceux qui ont fait pression sur les dirigeants du G7 pour une approche plus large du problème, avec l’instauration d’un mécanisme de traçabilité permettant de déterminer l’origine des diamants et d’éviter que des sanctions soient contournées.

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Le cas américain

Dans leur communiqué de vendredi, les dirigeants du G7 réaffirment leur «engagement à faire front commun contre la guerre d’agression illégale, injustifiable et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine». Il est notamment fait état de la volonté de «limiter les exportations de biens essentiels pour la Russie sur le champ de bataille».

Ce qu’ils disent des diamants? Ceci: «Afin de réduire les revenus que la Russie tire de l’exportation de diamants, nous continuerons à travailler en étroite collaboration pour restreindre le commerce et l’utilisation des diamants extraits, traités ou produits en Russie et nous nous engagerons avec des partenaires clés dans le but d’assurer la mise en œuvre effective de futures mesures restrictives coordonnées, y compris par le biais de technologies de traçage». Rien de plus précis.

«Il s’agit davantage d’une confirmation de la volonté du G7 de prendre des mesures efficaces mais, compte tenu des caractéristiques du commerce mondial des diamants et de sa dynamique, cette déclaration met également en évidence la difficulté d’imposer des sanctions qui fonctionnent dans ce secteur. La déclaration reste très générale, peut-être trop générale…» commente Koen Vandenbempt, professeur d’économie à l’Université d’Anvers.

Les «partenaires clés» ne sont pas cités. Aucune allusion à l’Inde ou aux Emirats arabes unis. Or, certaines situations relèvent de l’hypocrisie. Les Etats-Unis ont par exemple, dès mai 2022, placé Alrosa, la principale société d’extraction de diamants russes, sur liste noire et décidé de ne plus importer des diamants bruts russes. Mais ils importent des diamants polis d’Inde… qui viennent à la base de Sibérie.

En mars 2022, le président ukrainien exhortait le parlement belge à exiger le boycott des diamants russes. Volodymyr Zelensky se rendra en personne au sommet d’Hiroshima ce samedi, en même temps que les dirigeants de huit pays invités par la présidence japonaise, dont l’Inde et le Brésil. Avec toujours ce même objectif: s’assurer que les promesses des Occidentaux se multiplient et se concrétisent. Il risque bien de chercher à exercer un peu de pression à propos des «diamants de sang» russes.