> Cinquante ans d’indépendance
«Tout compris». Voilà comment le spécialiste de politique africaine Princeton Lyman décrit la politique africaine de la Chine. Visites officielles, bourses, projets, coopération militaire, ventes d’armes, investissements, commerce dans tous les domaines (même ceux qui périclitent), cadeaux et, surtout, pas de conditions (à part la non-reconnaissance de Taïwan).
C’est que la soif des Chinois pour les matières premières et le pétrole est sans limite: 1,3 milliard d’habitants, un pays en pleine croissance, peu de ressources. «Pour les Chinois, l’Afrique est une terre de promesse», note Serge Michel, coauteur de La Chinafrique. Pour les Africains, le nouveau partenaire est idyllique. Il traite d’égal à égal, travaille d’arrache-pied, construit à travers le continent, son appétit d’ogre permet de diversifier les partenaires, de jouer la concurrence, de relancer l’économie. Philippe Hugon clarifie: «On estime qu’une croissance à deux chiffres de la Chine assurerait une croissance africaine de l’ordre de 6%.»
Certains redoutent que la nouvelle demande ne fasse que perpétuer une économie de rente, avec ses dérives, qui évoque les années 1960 et 1970. Les Chinois considèrent aussi le continent comme un immense marché et leurs produits défient toute concurrence, même africaine. Des émeutes à leur encontre ont déjà éclaté. Et l’élan démocratique qui soufflait sur le continent noir au début des années 1990 en a pris un coup. Les pays occidentaux ne font plus peur au Zimbabwe de Mugabe ou au Soudan d’Al-Bachir. Les deux plus grands partenaires de la Chine en Afrique regardent vers l’Est où où le dialogue n’est pas soumis à des conditions sur la démocratie ou les droits de l’homme.