John Boehner, Républicain, élu en Ohio. Il sera sans doute élu, en janvier prochain, 61e président de la Chambre des représentants. Fort d’une expérience de vingt ans à Capitol Hill, John Boehner a été l’une des voix les plus audibles lors des débats du Congrès sur la réforme de la santé. Son discours conclu par un «hell no», «que diable, non», a fait le bonheur des utilisateurs de YouTube. Cette réforme va, selon lui, «détruire des emplois, ruiner le meilleur système de santé du monde et pousser le pays à la faillite». Républicain conservateur et catholique de 60 ans, il a voté 96 fois sur cent comme son parti ces quatre dernières années. Déjà président de la Chambre basse en 2006, il a fait ses armes dans les années 1990 quand, aux côtés de Newt Gingrich, il échafauda le programme électoral «Contract with America» qui permit au Grand Vieux Parti de conquérir la majorité du Congrès pour la première fois en quarante ans. Marié depuis 35 ans et père de deux enfants, il a été patron d’une PME. En 2009, il s’est opposé avec véhémence au plan de relance de Barack Obama de 787 milliards de dollars. Adepte d’un Etat restreint, il entretient une relation pour le moins étroite avec les groupes de pression qui l’ont aidé à collecter des dizaines de millions de dollars au cours de la campagne pour les élections de mi-mandat. A Washington, certains se souviennent d’une anecdote qui révèle la proximité de Boehner avec les lobbyistes: l’élu de l’Ohio distribuait un jour à des républicains, dans la salle de la Chambre des représentants, des chèques offerts par les groupes de pression de l’industrie du tabac. Capable à de rares occasions d’oublier son côté très partisan pour collaborer avec les démocrates dans un esprit bi-partisan, comme ce fut le cas en matière d’éducation à propos d’une loi dénommée «No child left behind», il a désormais pour principal objectif d’annuler la réforme de la santé d’Obama. Harry Reid, Démocrate, élu au Nevada.Un miraculé! Si elle se concentrait sur Barack Obama, la grogne des sympathisants du Tea Party s’adressait aussi à Harry Reid, chef des démocrates au Sénat, devenu l’emblème de l’inefficacité de Washington avec son caractère mesuré et ses manières un peu fades. Opposé à Sharron Angle, l’une des «mama grizzlies» protégées de Sarah Palin, Reid avait tout contre lui: il a joué un rôle essentiel pour faire passer au Sénat les réformes d’Obama. Le Nevada connaît un fort taux de chômage et compte parmi les plus touchés par la crise de l’immobilier et le nombre de maisons saisies. Rand Paul, Tea Party, élu au Kentucky.«Il ne faut rien exclure.» Rand Paul, élu dans l’Etat du Kentucky, fait partie de ces nouveaux arrivés républicains qui entendent faire repartir l’Amérique sur de nouvelles bases. Comme son père, Ron, ce «libertaire» qui a réclamé pendant des décennies un Etat réduit à sa plus simple expression, Rand Paul «n’exclut rien» afin de lutter contre le déficit budgétaire. Ses positions sont iconoclastes, même au sein de son parti. Comme son père, il s’affiche ainsi très critique envers la guerre d’Irak où d’Afghanistan, au motif qu’elles coûtent trop cher aux contribuables américains. Marco Rubio, Tea Party, élu en Floride. Il l’a emporté contre tous: Marco Rubio, 39 ans, n’était pas seulement opposé à son rival démocrate pour le poste de sénateur en Floride, mais aussi au candidat «officiel» républicain, le gouverneur Charlie Crist, qui avait fini par concourir en tant qu’indépendant. Fils d’exilés cubains, disposant d’un grand capital de sympathie auprès des Hispaniques, Rubio est vu aujourd’hui comme l’un des grands espoirs du Parti républicain. Le nom de celui que l’on compare à Barack Obama est déjà sur toutes les lèvres comme celui du potentiel futur vice-président des Etats-Unis. Nancy Pelosi, Démocrate, non élue en Californie. Elle était la bête noire des républicains. Prenant sa revanche, il y a quatre ans, Nancy Pelosi était devenue la première femme à devenir la présidente de la Chambre des représentants. Provenant de San Francisco, l’une des villes les plus à gauche de l’Amérique, Pelosi est passée reine dans l’emploi du sarcasme, n’hésitant jamais à décocher ses flèches empoisonnées pour défendre des positions libérales (à gauche). Née en 1940, mariée au millionnaire Paul Pelosi, c’est en jet privé que la représentante continuera de se rendre à Washington. Pelosi restera en effet membre du Congrès, même si, après la conquête de la Chambre par les républicains, elle voit lui échapper le rôle de speaker. Christine O’Donnell, Tea Party, non élue au Delaware. La «sorcière» ne débarquera pas à Washington. Devenue célèbre pour avoir avoué qu’elle avait tâté de la sorcellerie pendant sa jeunesse et pour comparer la masturbation à l’adultère, militante de l’abstinence sexuelle, Christine O’Donnell, 41 ans, avait surtout fait la preuve de son incompétence tout au long de la campagne électorale, au point de désespérer ses propres amis politiques. La candidate au poste de sénatrice de l’Etat du Delaware n’en avait pas moins reçu le soutien enthousiaste du mouvement du Tea Party et de sa figure de proue Sarah Palin. Elle a perdu avec plus de 17 points d’écart face à son rival démocrate Chris Coons. Meg Whitman, Républicaine, non élue en Californie. Cent soixante millions de dollars n’y auront rien pu. La fondatrice du site internet d’enchères eBay a puisé plus qu’aucun autre candidat dans sa fortune personnelle afin d’emporter le poste de gouverneur de Californie. Presque deux ans de campagne, des dizaines de consultants, des financements pratiquement illimités: Meg Whitman a mené une stratégie digne d’une élection présidentielle. Mais elle a été stoppée net par son rival, Jerry Brown, un revenant qui avait déjà occupé le poste de gouverneur, pour la dernière fois il y a 28 ans. L’autre femme entrepreneur qui se présentait au Sénat en Californie, l’ancienne PDG de Hewlett-Packard Carly Fiorina, a également échoué.