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Pour le général Alexander Rushkin, l'armée russe ne craint pas les défis de la modernisation

Chef adjoint de l'état-major à Moscou, l'officier supérieur russe était de passage jeudi à Genève.

Alexander Rushkin fait partie de ces officiers supérieurs russes qui estiment avoir fait assez de concessions. Invité jeudi à Genève par le Centre de politique de sécurité (GCSP), ce général, chef adjoint de l'état-major à Moscou, s'est appliqué à montrer que l'armée russe fait face aux défis de la modernisation et des mutations géopolitiques en cours aux frontières de son immense pays. «Nos plans de développement tiennent compte de tous ces changements a-t-il expliqué, au moment même ou Vladimir Poutine serrait la main de George Bush à Bratislava. Notre coopération avec l'OTAN, par exemple, impose de changer de manière drastique nos processus de commandement et nos méthodes, y compris notre vocabulaire. Tout cela a lieu. L'enjeu est énorme.»

Sur le fond, le discours est limpide: l'heure de l'armée russe «sur le repli» est révolue. Interrogé sur les questions sensibles de la «révolution orange» en Ukraine, du maintien contesté des bases militaires russes en Géorgie et en Moldavie, et de la compétition stratégique avec l'Union européenne, le général Alexander Rushkin a, à chaque fois, répondu de façon identique: «Lorsque la question nous est posée par les autorités politiques des pays concernés, nous les étudions. Dans le cas de la Géorgie par exemple, nous sommes prêts à nous retirer. Mais pas à n'importe quelles conditions. Nous n'évacuerons pas nos soldats dans la précipitation comme cela fut le cas dans le passé. Un retrait militaire suppose un accord formel, un calendrier et des modalités.» Manière d'évoquer, sans la nommer, la question des compensations financières en cas de démantèlement des bases concernées.

La fin des doutes

De la rencontre Bush-Poutine, cet officier de carrière, commandant d'une division blindée avant d'accéder aux échelons supérieurs de l'armée, a peu parlé. Mais son assurance – et sa connaissance très précise des dossiers évoqués – est, selon des experts présents, caractéristique de la fermeté militaire de l'actuelle administration russe: «L'époque des doutes est passée confirme Dmitry Evstafiev, un spécialiste des questions de prolifération nucléaire, de passage lui aussi à Genève. La gestion du dossier du Caucase-Nord, par exemple, est beaucoup plus sereine qu'il y a trois ou quatre ans. Pour l'armée, la question tchétchène en particulier est jugée réglée.»

Le général Rushkin, interrogé justement sur la Tchétchénie, a confirmé cet aplomb: «La guerre là-bas est terminée. Nous l'avons remporté. Les combats qui se poursuivent nous opposent à des terroristes peu nombreux. Des groupes composés parfois de quelques personnes.» Le doute qui a parcouru la salle devant ses propos ne l'a pas ébranlé. De même que les questions posées par l'état apparent d'impréparation des forces spéciales russes lors de la tragique prise d'otages de Beslan: «J'étais sur place à Beslan. Je sais ce qui s'est passé. Nos forces spéciales n'ont pas été, comme on l'a dit, dépassées par les événements.»

Dernier chapitre: l'arsenal nucléaire russe. Là aussi, pas d'inquiétudes à l'entendre: «La sécurité de notre arsenal ne nous fait aucun souci. Nous le répétons à nos partenaires.» Comme l'on pouvait s'y attendre, la principale menace identifiée aujourd'hui par l'état-major russe est le terrorisme. «Or aucun pays ne peut faire face seul à cette menace», a asséné le général Rushkin, devant une présentation de diapositives détaillant l'organigramme du Ministère russe de la défense. A l'énoncé de la menace terroriste, deux photos cohabitaient à l'écran: celle d'Oussama ben Laden et celle du rebelle tchétchène Chamil Bassaïev…

Lien Internet: http://www.gcsp.ch