L'affaire des drones
Dans un document de la CIA, puis dans l'intervention de Colin Powell au Conseil de sécurité le 5 février 2003, l'Irak était accusé d'avoir développé une flotte de drones (avions sans pilote) équipés pour épandre des armes chimiques ou biologiques. Un appareil de ce type, amené sur un bateau près de la côte Est des Etats-Unis, pouvait déclencher une attaque meurtrière. D'ailleurs, Bagdad avait acquis un logiciel sophistiqué pour lire la topographie américaine dans cette région. Or on sait maintenant que la principale autorité pour évaluer les drones irakiens (l'armée de l'air américaine), avait elle-même écarté l'hypothèse de l'utilisation de ces appareils à des fins militaires, autre que l'observation.
Les tubes d'aluminium
La CIA et Colin Powell, dans les mêmes interventions, affirmaient que Bagdad avait cherché à se procurer des tubes d'aluminium d'une qualité spéciale, pour des centrifugeuses servant à enrichir l'uranium, et fabriquer une arme nucléaire. Cette information ne reposait sur rien, et l'administration le savait. A nouveau, l'autorité la plus compétente aux Etats-Unis (le Département de l'énergie) avait conclu que ces tubes étaient tout juste bons pour l'artillerie.
Le voyage de Joseph Wilson
George Bush avait parlé du fameux uranium nigérien dans son discours sur l'état de l'Union, l'an passé. La CIA savait qu'il s'agissait d'un bobard: elle avait envoyé au Niger, un an auparavant, l'ancien diplomate Joseph Wilson pour vérifier la rumeur d'un achat d'uranium par l'Irak. Quand il a entendu que le président contredisait les conclusions de son enquête devant la nation, Wilson est intervenu publiquement. Pour le faire taire, un cadre de la Maison-Blanche a révélé que la femme de l'ambassadeur était elle-même une espionne, et il a dévoilé son nom, ce qui est un crime aux Etats-Unis. Maintenant qu'un procureur à peu près indépendant enquête, l'affaire peut à tout moment exploser au nez de George Bush, car chacun sait que le coupable est très proche de lui.
Secours français?
Contre ce faisceau de présomptions, l'administration américaine continuera de se défendre en disant que tous les services de renseignements étaient convaincus de l'existence des programmes irakiens non conventionnels. La principale conseillère française (à Paris et à l'ONU) sur ces questions, Thérèse Delpech, n'a cessé d'affirmer, jusqu'à la veille même de la guerre, en se fondant sur des renseignements européens, que l'existence des ADM irakiennes ne faisait aucun doute.