Cette élection confirme les attentes du peuple géorgien envers son nouveau président. Populaire, parfois populiste, Mikhaïl Saakachvili a su rendre l'espoir à ses compatriotes qui vivent des années très difficiles depuis l'indépendance, en 1991. «C'est votre victoire, je n'ai pas gagné l'élection, a-t-il déclaré dimanche soir. Vous, mon peuple, avez gagné cette élection.» «Nous avons obtenu un mandat très important de la population pour nettoyer la Géorgie, en faire un pays pacifique et prospère, efficace, propice aux investissements, pour renforcer le pouvoir», a-t-il dit, s'exprimant alternativement en géorgien, russe, anglais et français.
Concernant la question particulièrement épineuse de la région séparatiste d'Abkhazie (ouest de la Géorgie), qui jouit d'une indépendance de facto depuis le conflit du début des années 1990 lors duquel la Russie a été accusée de soutenir les Abkhazes, il a souligné qu'il n'était «dans l'intérêt ni de la Géorgie, ni de l'Abkhazie de laisser la situation telle qu'elle est». «Nous avons l'intention de relancer des négociations de paix avec l'Abkhazie», a-t-il dit, ajoutant que Tbilissi «n'accepterait jamais que (cette région) cesse de faire partie de la Géorgie. Nous espérons une aide des Etats-Unis et un rôle constructif de la Russie. Les déclarations du président (russe) Vladimir Poutine nous font espérer que ce sera le cas. Mais le plus important est de s'entendre avec les Abkhazes eux-mêmes», a-t-il dit. Le nouveau président a par ailleurs annoncé qu'une date serait prochainement fixée pour des élections législatives.
«Aucune stratégie»
Si ce jeune avocat de 36 ans, né un 21 décembre, comme cet autre Géorgien qu'était Staline, est réputé intelligent et courageux, il lui faudra du génie pour sortir le pays du marasme économique et politique. Il sait emporter les foules, faire des gestes politiques forts, trouver les mots qui font mouche. Mais son programme est faible, voire quasi inexistant. Il a fait de la lutte contre la corruption son principal argument de campagne lors des parlementaires du 2 novembre. «Mais cela ne suffira pas pour relancer l'économie, explique Niko Orvelachvili, expert du Georgian Economic Development Institute. Son programme dans ce domaine est nul et je crains qu'il n'ait aucune véritable stratégie.»