Pékin a réagi jeudi à la menace de Google de se retirer de Chine pour cause de censure. Le gouvernement chinois a appelé les entreprises à collaborer pour un contrôle public d’internet.
Dans un communiqué publié jeudi, un porte-parole du gouvernement chinois a mis en garde contre la pornographie, les cyberattaques, les fausses informations et les rumeurs. Il a estimé que le gouvernement et les médias en ligne possédaient une responsabilité dans la formation de l’opinion publique. Le communiqué ajoute que la Chine a, elle-même, été victime de cyberattaques et que le gouvernement de Pékin est fermement opposé à la cyberdéliquance.
Cette déclaration est la première réaction des autorités chinoises à la menace de Google de se retirer du pays qui compte 360 millions d’internautes, soit la plus importante communauté mondiale. Le Quotidien du Peuple estime de son côté que l’annonce de Google fait partie d’une «stratégie visant à faire pression sur le gouvernement chinois».
Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées mercredi soir devant le siège de Google à Pékin, tenant des bougies à la main, pour témoigner leur soutien à la compagnie américaine.
Le soutien des internautes
La Toile chinoise était tissée jeudi de commentaires sur le possible départ de Chine de Google, parmi lesquels un flot de messages de soutien au géant américain de l’internet.
Deux jours après que Google, exaspéré par des attaques informatiques massives et la censure imposée par le gouvernement chinois, eut menacé de cesser toute opération dans ce pays, les internautes chinois, déjouant la censure, s’exprimaient notamment sur le site de micro-blogs Twitter, normalement bloqué. «Ce n’est pas Google qui se retire de Chine, c’est la Chine qui se retire du monde», a ainsi affirmé sur Twitter un internaute navré. «Si Google se retire, je le suivrai, quitte à utiliser toute la journée un proxy», un logiciel qui masque l’adresse IP de l’internaute et lui permet de surfer anonymement, dit un autre cité par le China Digital Times, un site établi aux Etats-Unis.
De nombreux internautes en Chine utilisent des proxy pour contourner le système de censure du gouvernement, surnommé Great Firewall, jeu de mots reprenant l’idée de la Muraille de Chine et firewall, «parefeu». Via proxy, ils peuvent notamment accéder aux sites bloqués comme Twitter ou encore le site de socialisation Facebook ou de partage de vidéos en ligne Youtube.
Mais les réactions ne manquaient pas non plus sur l’internet «ouvert» chinois, c’est à dire les plus grands sites chinois, dont baidu.com, qui se taille la part du lion dans le marché chinois des moteurs de recherche. «Je demande instamment à Google de rester, le gouvernement est vraiment trop écrasant», dit un post sur Baidu. «Je ne suis pas un adorateur de l’étranger et j’aime profondément mon pays, mais le gouvernement ne doit pas exagérer !» Sur sina.com, un blogueur se demande «comment les intellectuels vont rechercher de l’information si Google disparaît de Chine».
D’autres cependant ne croient pas à un tel départ : «ils bluffent», dit l’un d’eux, notant qu’il n’y a eu aucun développement depuis l’annonce mardi de David Drummond, le responsable juridique de Google. Ce dernier a dénoncé des attaques informatiques massives «venant de Chine» ciblant des militants chinois des droits de l’Homme.
A cause de de ces attaques et de la politique de «surveillance» de Pékin, la société californienne a indiqué ne «plus être disposée à censurer les recherches sur le site (chinois) google.cn» et envisager un départ de Chine.
Mais elle a aussi laissé une porte ouverte, indiquant qu’elle prévoyait de discuter avec les autorités chinoises dans les semaines qui viennent de la possibilité de «faire fonctionner un moteur de recherche sans filtre dans les limites de la loi» chinoise.