Certains veulent y croire, mais un retournement de situation paraît peu probable. Ce lundi, Donald Trump doit faire face au verdict des 538 grands électeurs, chargés de confirmer officiellement son élection à la tête des Etats-Unis. Cela se déroule dans un climat particulièrement tendu. Barack Obama vient d'annoncer des représailles contre Moscou, pointé du doigt comme responsable des piratages informatiques pendant la présidentielle américaine, qui, selon la CIA, avaient pour but de faire élire Donald Trump. Et le président élu, prêt à amorcer un rapprochement avec Moscou, continue de son côté à nier toute ingérence russe. Une situation qui provoque une profonde division au sein du parti républicain. 

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Si certains grands électeurs pourraient retourner leur veste, le risque est pourtant très faible. Car leur mission première, outre élire le président des Etats-Unis, est bien de représenter le vote des électeurs de leur Etat. Changer d'avis reviendrait en quelque sorte à les trahir. Ils sont donc tenus de respecter leur mandat. Les grands électeurs sont choisis par les partis. Il s'agit souvent de personnalités influentes qui ont occupé une fonction importante au sein de leur parti ou de donateurs. Leur nombre varie dans les Etats, en fonction de leur population. 

Hypothèse prévue par la Constitution

Prenons les chiffres ensuite: Donald Trump, qui devrait officiellement entrer en fonction le 20 janvier, a obtenu le vote de 306 grands électeurs contre 232 pour sa rivale Hillary Clinton, qui a pourtant remporté le vote populaire avec plus de deux millions de voix d'avance. La barrière minimum à atteindre pour être élu est 270. Il faudrait non seulement que 37 délégués pro-Trump s'abstiennent, mais en plus que leur vote se reportent sur Hillary Clinton, avec une voix de plus, pour changer le résultat et la faire élire.

Autre possibilité: que des pro-Trump décident de s'abstenir ou de voter blanc, sans qu'aucun des deux ne puisse obtenir le chiffre magique de 270. Ce serait alors au Congrès de trancher, hypothèse prévue dans la Constitution. Il reviendrait au Sénat de choisir le nouveau vice-président, et à la Chambre des représentants de choisir le président. Rappelons que la majorité des deux chambres est détenue par les Républicains. 

L'annonce du Texan Chris Suprun

Pour l'instant, un seul grand électeur, le Texan Chris Suprun, a officiellement annoncé qu'il ne voterait pas pour Donald Trump. Il fait l'objet d'attaques violentes sur les réseaux sociaux.  

Les cas de grands électeurs qui ont changé d'avis – il sont appelés les «faithless» (sans foi) – sont assez rares. Ils sont 82 à l'avoir fait depuis 1787, seulement 9 depuis la Deuxième guerre mondiale, selon l'organisation FairVote. Ils peuvent risquer une amende salée. Certains Etats ne permettent d'ailleurs pas de changer de vote. Donc malgré les pétitions qui circulent avec 5 millions de signatures, le clip réalisé par des personnalités et les voix qui s'élèvent dans une dernière tentative de bloquer l'élection de Donald Trump, dont celle du réalisateur Michael Moore, le milliardaire peut déjà sabrer le champagne.