«Les grands-parents peuvent embrasser leurs petits-enfants», assurent les responsables fédéraux, la Norvège rouvre ses écoles primaires dans la polémique: les nouvelles du 27 avril
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Les experts de la santé publique affirment que les plus petits ne craignent pas la contagion tout en plaidant pour ne pas mélanger les générations. En Norvège, on rouvre les écoles primaires, non sans débat. Retrouvez notre suivi du lundi 27 avril

L’essentiel
En Suisse entre les journées de dimanche et lundi, les autorités sanitaires ont affiché 29 164 cas, soit 103 de plus, un nombre très bas.
Les autorités fédérales annoncent préparer un plan d'ensemble pour le secteur du tourisme. Elles plaident pour des vacances d'été au pays, tout en redoutant que certaines destinations prisées n'attirent trop de monde en même temps.
Ce week-end, les quatre pays européens les plus touchés par le coronavirus ont affiché des chiffres en baisse en termes de décès: de samedi à dimanche, 288 morts en Espagne, 260 en Italie, 242 en France et 413 morts à l’hôpital au Royaume-Uni, le nombre le plus bas depuis la fin mars.
Retrouvez les nouvelles de samedi et de dimanche.
■ Un instantané: à Berlin
Voilà qui éviterait bien des recherches infructueuses. A Berlin, un photographe a saisi ce distributeur reconverti en machine à vendre des masques – «en coton», précise-t-il.
■ 20 millions de masques vont arriver en Suisse – de qualité, assure l'armée
Hier, la presse fait état de doutes quant à la qualité des masques que la Suisse achète. De mauvaises expériences ont été vécues par divers pays européens, dont les Pays-Bas, qui se sont retrouvés avec de la camelote sur les bras.
En point de presse ce lundi (lire plus bas), Markus Näf, coordinateur des achats auprès du Département fédéral de la défense, a voulu rassurer: le laboratoire des matériaux de Spiez a testé 60 modèles, en a retenu 15. La Chine a en outre fait de grands efforts au niveau de la sécurité et des attestations des masques qu'elle produit et seuls des produits certifiés sont importées.
On a ainsi appris que la Suisse va recevoir 20 millions de masques, a priori destinés aux établissements de santé, en quatre livraisons par avion cette semaine.
■ Rentrée pour les écoles primaires en Norvège, non sans débat
Tilde a 7 ans. Ce matin à l'école Levre de Baerum, dans la banlieue résidentielle d'Oslo, elle retrouvait ses camarades et professeurs. «Elle était prête à 6h, avec trois heures d'avance. Elle avait tellement hâte. Pas besoin d'alarme pour cela», a raconté sa maman, Karine Rabbe, à l’AFP.
Devant les bâtiments de l’école, sous la pluie ce lundi, des fleurs peintes au sol marquent la distance d'un mètre à respecter. Accrochés aux portes d'entrée, des panneaux manuscrits souhaitaient la bienvenue aux écoliers. «Sympa de vous revoir», proclament-ils. Sur un dessin enfantin représentant un arc-en-ciel, l'inscription «Alt blir bra!» en majuscules: «Tout ira bien!» en norvégien.
En Norvège, une semaine après les «barnehager», qui font office de crèches et de maternelles, c'était au tour de quelque 250 000 enfants de six à dix ans de retrouver les bancs de l'école, dans des classes réduites à 15 élèves au maximum, après six semaines de «télé-enseignement».
Cette rentrée ne vas pas sans polémique. Sur Facebook, une page intitulée «Mon enfant ne doit pas être un lapin de laboratoire pour le Covid-19» compte près de 30 000 membres.
Karine Rabbe elle-même explique: «S'il ne tenait qu'à moi, j'aurais probablement attendu quelques semaines parce que je ne pense pas que nous avons toutes les infos nécessaires aujourd'hui.»
La directrice de l'école, Kathrine Wilsher Lohre veut rassurer: «Etant donné les circonstances, on est ici autant en sécurité qu'on peut l'être.»
La première ministre elle-même a participé aux réouvertures, comme on le voit ici.
■ Italie: quelles sont les entreprises «stratégiques»?
L'Italie entame donc ce lundi le début de son déconfinement. Le pays le plus touché d'Europe doit juguler la pandémie tout en évitant des dégâts «irréversibles» sur l'économie, selon les mots du chef du gouvernement Giuseppe Conte.
Dans ce cadre, les entreprises «stratégiques» reprennent l'activité. Il s'agit notamment, selon les termes du gouvernement, des «activités productives et industrielles plus tournées vers l'exportation», comme l'automobile ou la mode; l'idée est d'éviter de les pénaliser davantage face à leurs concurrents étrangers.
L'AFP raconte que dans une usine Fiat de Mirafiori, banlieue de Turin, les ingénieurs et chefs d'équipes d'abord, puis les ouvriers passent devant un scanner thermique, avant de recevoir les équipements de protection: masque, gants et lunettes.
Des chantiers navals de Fincantieri ont rouvert il y a une semaine déjà, avec dans un premier temps 10% des employés, et un retour à la normale prévu avec effectifs complets fin mai/début juin.
Dans le sud du pays, défavorisé, de grandes entreprises ouvrent aussi leurs portes, à l'image du géant de l'électro-ménager Whirlpool qui a rouvert son usine de Naples pour 420 ouvriers, tandis qu'encore plus au sud, à Reggio di Calabria, c'est le site d'Hitachi Rail, qui produit des éléments ferroviaires pour le monde entier, qui a repris progressivement la production.
A partir du 4 mai, l'Italie rouvrira «tout le secteur manufacturier et de la construction ainsi que le commerce de gros pour ces filières», a affirmé Giuseppe Conte.
■ Marquage et file d'attente dans les transports publics: trois exemples à Milan et Rome
■ Le point de situation des responsables fédéraux
A 14h, l'Office fédéral de la culture a fait un point avec, notamment, le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco).
Tourisme: consommez suisse! Il a surtout été question de tourisme, sujet évoqué lors d'une conférence nationale dimanche, avec notamment la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga et le ministre de l'Economie Guy Parmelin.
Les responsables avancent le chiffre d'au moins 80% de baisse d'activité. Le secteur devrait accuser une baisse de recettes d'au moins 30%. «Cet été, se promener dans le pays en respectant les normes de sécurité sera tout à fait possible», assure Erik Jakob, du Seco. Il relève cependant une inquiétude des responsables: que des «hot spots» accueillent de nombreuses personnes, cet été.
Erik Jakob précise ensuite sa pensée: «Ma recommandation personnelle serait de prévoir des vacances en Suisse cet été, et de penser à l'étranger pour l'année prochaine.»
Grands-parents et petits-enfants. A l'heure des questions, le point de presse tourne essentiellement sur la question des rapports entre aînés et enfants en bas âge.
Daniel Koch, délégué Covid-19 du Conseil fédéral, persiste et signe en déclarant que «les petits-enfants ne sont probablement pas contaminables et ne transmettent pas le virus». Il estime donc que les grands parents «peuvent embrasser leurs petits enfants», jusqu'à l'âge de 10 ans.
Le responsable répète en même temps son opposition, sur la base des consultations qu'il évoque, à l'accueil en journée des jeunes par les aînés: «Il ne faut pas mélanger les générations», argue-t-il.
L'argument est simple: si les grands-parents s'occupent des enfants, cela a pour conséquence que les parents amènent ces derniers: c'est justement ce que les gens de l'OFSP veulent éviter. Car «les parents peuvent contaminer leurs parents», résume Daniel Koch.
■ Ruée au fast-food
«Je veux aller au McDonald’s!» implore un automobiliste, fenêtres ouvertes et coups de klaxon pour exprimer sa frustration. L’agent de sécurité qui assure la circulation a l’entrée du McDonald’s de Crissier, aux portes de Lausanne, vient de lui refuser l’accès. «Il y a deux d’heures d’attente. Circulez, s’il vous plaît». Le message est le même pour la presse, invitée à passer sur le mince trottoir en face, raconte notre journaliste Florian Delafoi.
Sur place, les questions à la clientèle ne sont pas les bienvenues. Le grand embouteillage formé contre le bâtiment du géant américain s’observe de loin.
Dans les habitacles, les clients prennent leur mal en patience, la promesse d’un hamburger au bout de la longue file d’attente après six semaines de fermeture totale des points de vente. «Salut les nazes», se moque un conducteur de cabriolet, avant de filer tout droit. Une patrouille de police motorisée a fait plusieurs passages pour observer la scène et discuter avec l’agent de sécurité.
■ Pas de grand feu d'artifice à Genève cet été
Prévu le 8 août, le traditionnel feu d'artifice qui rassemble chaque année près de 400 000 personnes dans la rade genevoise est annulé, indique la Fondation Genève Tourisme & Congrès (GT&C). Ce spectacle demande plusieurs mois de préparation et engage le travail de nombreux partenaires.
L'organisateur se devait d’anticiper, insiste-t-il. «Notre décision est motivée par les mesures de protection sanitaire qui doivent pouvoir être respectées en tout temps», souligne Sophie Dubuis, présidente du Conseil de Fondation. L'objectif est aussi d'éviter l'engagement à perte d'investissements financiers. Des mécènes et des sponsors prennent généralement en charge les coûts du grand feu d'artifice. Les installations estivales au Jardin Anglais pourraient en revanche être maintenues avec des adaptations.
■ A Villeneuve, un lundi 27 avril, c’est bricolage pour tous
Les magasins de loisirs, bricolage et jardinage ont donc rouvert leurs portes ce lundi. Un photographe de Keystone est allé voir ce qu’il en est chez Hornbach, à Villeneuve.
Puisqu’il va y avoir ruée sur les perceuses, le Bureau de prévention des accidents en profite pour appeler les Suisses à la prudence. Quelque 45 000 personnes se blessent chaque année en faisant des travaux manuels chez elles, relève-t-il.
Les spécialistes rafraîchissent un peu les ardeurs des post-confinés en écrivant notamment: «De graves accidents menacent notamment les personnes qui utilisent une scie ou une ponceuse (risque de coupures), qui montent sur une échelle peu sûre pour repeindre une façade (risque de chute) ou encore qui manipulent des produits chimiques sans porter d’équipement de protection adéquat (risque d’intoxication, de lésion des voies respiratoires).» Ils plaident pour l’usage de protections pour les yeux, les mains et l’ouïe.
■ Le canton de Vaud lance une vaste étude sur le virus
Le Département vaudois de la Santé annonce ce lundi matin le lancement d’une étude, comme dans d’autres cantons, sur les modes de propagation du virus. Au total, 6600 personnes seront approchées – pour cause de critères scientifiques, il n’y a pas de volontariat. Le projet, mené par la cellule Unisanté, porte sur trois questions.
La transmission. Les experts veulent d’abord comprendre les facteurs qui ont influencé la transmission du virus aux contacts proches de cas confirmés. «Environ 1000 personnes vont être testées, soit 200 personnes parmi les premières à avoir été testées positives durant l’épidémie, ainsi que leurs proches (environ 800 personnes). Un accent particulier est mis sur les moins de 20 ans pour mieux comprendre ce qui se passe chez les jeunes et les enfants.»
Les anticorps. Le deuxième volet «doit permettre de mesurer la proportion de la population qui a développé des anticorps à l’échelle nationale. Il s’intègre dans un projet fédéral.» 800 Vaudois seront testés de manière aléatoire.
Les personnes exposées. Le troisième chapitre cherche à mesurer la proportion de porteurs d’anticorps dans des populations potentiellement plus exposées du canton. «Des contacts sont en cours avec des entreprises semi-publiques et privées pour déterminer un échantillon de 100 personnes parmi des collaborateurs ou usagers particulièrement exposés de chaque entreprise, comme par exemple le personnel de vente.» Les responsables promettent une anonymisation des données.
■ Le clergé italien furieux du maintien de l’interdiction des messes
Il n’y a pas que les milieux économiques à pousser pour lever les mesures de retranchement. En Italie, le clergé fulmine contre la décision du gouvernement de maintenir l’interdiction de célébrer des messes après le début du déconfinement en Italie, prévu le 4 mai.
«Les évêques italiens ne peuvent accepter de voir l’exercice de la liberté de culte compromis», explique la Conférence épiscopale italienne dans un communiqué publié après l’annonce, dimanche, par le chef du gouvernement Giuseppe Conte du calendrier de la «Phase 2», début du processus de déconfinement progressif de l’Italie après deux mois de blocage quasi total.
Le décret «exclut arbitrairement la possibilité de célébrer la messe avec le peuple», déplore l’épiscopat italien. Les évêques rappellent au gouvernement et au comité scientifique qui le conseille de distinguer «leur responsabilité», qui est de donner des indications sanitaires précises, de celles de l’Eglise «appelée à organiser la vie de la communauté chrétienne, dans le respect des mesures prévues, mais dans la plénitude de leur autonomie».
■ En images: le retour de «BoJo»
Le premier ministre anglais a repris ses quartiers, après avoir été malade et en convalescence deux semaines.
■ Les bourses à la hausse
Ce lundi, la Bourse de Tokyo a terminé largement dans le vert. Les experts jugent que la Banque du Japon rassure les marchés. Elle a accru ses programmes de rachats d’actifs, ce qui a fait baisser le yen par rapport au dollar.
En Europe, les places affichent le sourire en ce début de semaine. A Francfort, le Dax prend 2,16%. Londres prend 1,57%. La Bourse de Paris a débuté très positivement, à +1,97%.
■ Quelques précisions sur les secteurs qui reprennent l’activité
Dès ce lundi, plusieurs secteurs d’activité rouvrent leurs portes après six semaines de fermeture. Cette première étape concerne les magasins de bricolage, jardineries, coiffeurs, cabinets médicaux, vétérinaires, salons de beauté et tatoueurs. L’agence ATS dresse quelques détails dans ces branches, issus de plan de protection sectoriels chers au Conseil fédéral.
Les brico-loisirs. A l’exemple des magasins d’alimentation, les bricos et jardineries misent sur l’entrée des clients au compte-gouttes, le respect des distances et le payement par carte. Les caisses seront protégées d’une vitre en plexiglas.
Les dentistes. Chez la ou le dentiste, les mesures d’hygiène déjà très strictes sont renforcées. Une attention sera accordée aux personnes à risque et l’espace réorganisé dans la salle d’attente.
Les physios. Pour les physiothérapeutes, leur association Physioswiss leur conseille le port du masque. Les clients devraient en faire de même, mais uniquement s’ils font partie d’un groupe à risque.
Les vétérinaires. S’il faut mener son animal de compagnie chez le vétérinaire, il faudra le remettre à l’extérieur du cabinet ou de la clinique, et le récupérer à la sortie.
Les tatoueurs. L’Association suisse des tatoueurs professionnels (ASTP) demande pour sa part à ses membres de porter un masque de type FFP2, qui protège aussi bien le porteur que la personne en face. Le client devrait aussi en avoir un ou à tout le moins un masque chirurgical.
Les coiffeurs. Les coiffeurs rouvriront en deux étapes. Dans un premier temps, la moitié des places sera disponible pour garantir une distance d’au moins deux mètres entre les employés. La réouverture complète suivra plus tard. Les personnes à risque sont exclues de la première phase. Le coiffeur comme le client devront porter un masque de protection. Pour les traitements du visage, le rasage ou la taille de la barbe, le coiffeur devra également porter une visière en plexiglas. Coiffuresuisse recommande aussi que le personnel soit muni de gants à usage unique et que chaque client reçoive une nouvelle cape, à usage unique ou lavable.
Pour l’agence Keystone, le photographe Urs Flueeler a suivi une séance d’exercice dans un salon du canton de Nidwald, dimanche.
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■ En Grande-Bretagne, le retour au pouvoir d’un ex-malade
Lui qui avait été critiqué pour avoir minimisé l’ampleur de l’épidémie revient aux affaires. Boris Johnson, remis de la maladie du coronavirus, retrouve son bureau de premier ministre ce lundi. De retour de sa résidence de Chequers, où il a passé deux semaines de convalescence, le leader conservateur de 55 ans est soumis à une pression croissante pour dévoiler sa stratégie sur l’évolution du confinement, en vigueur depuis un mois au Royaume-Uni.
Avec 20 732 décès dans les seuls hôpitaux, le Royaume-Uni est l’un des pays les plus sévèrement touchés en Europe par le Covid-19. Le bilan s’annonce encore plus lourd avec les morts dans les maisons de retraite, qui se comptabilisent par milliers selon les acteurs du secteur.
A ce stade, le confinement en Grande-Bretagne est fixé jusqu’au 7 mai.
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■ Le bilan de début de semaine
L’agence AFP a livré dans la soirée son état des lieux. La pandémie a fait au moins 204 696 morts dans le monde. Plus de 2,9 millions de cas ont été diagnostiqués dans 193 pays et territoires.
Les Etats-Unis sont le pays le plus touché, avec 54 841 décès et près de 964 937 infections confirmées. Suivent l’Italie (26 644) décès, l’Espagne (23 190), la France (22 856) et le Royaume-Uni (20 732). Les statistiques britanniques ne prennent toutefois pas en compte les maisons de retraite où plusieurs milliers de personnes âgées sont mortes, selon des représentants du secteur.