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Les graves soupçons qui pèsent sur l'ex-otage du Hezbollah font frémir les Israéliens

Echangé le 27 janvier dernier, Elhanan Tannenbaum pourrait être impliqué dans une affaire mettant en cause la sécurité de l'Etat hébreu

Les autorités israéliennes maintenaient mercredi le black-out le plus total sur l'enquête concernant Elhanan Tannenbaum, cet homme d'affaires de Tel-Aviv enlevé par le Hezbollah en octobre 2000 et libéré le 27 janvier dans le cadre d'un échange de prisonniers entre l'Etat hébreu et l'organisation chiite libanaise. Interpellé dès son retour en Israël et interrogé sans répit depuis lors, l'ex-otage – également colonel de réserve de Tsahal – a sans doute donné beaucoup d'informations au Hezbollah. Sous la contrainte? En tout cas, il a «beaucoup trop» parlé, estime-t-on à Jérusalem.

Cependant, les raisons de son maintien en détention se trouvent ailleurs et nul ne les connaît encore de manière certaine. Elles toucheraient, dit-on, au voyage de Tannenbaum dans un émirat du Golfe et à la manière rocambolesque avec laquelle il a été fait prisonnier. A-t-il tenté de vendre des secrets militaires, voire des informations touchant au potentiel biologique, chimique et nucléaire de l'Etat hébreu? Cette rumeur circule dans les milieux bien informés de la capitale, mais elle n'est évidemment pas confirmée à cause de la censure. En tout cas, elle est renforcée par le fait que la justice a interdit aux médias locaux la publication de la moindre information relative au dossier.

Membre influent de la Commission du renseignement de la Knesset, le député travailliste Haïm Ramon, qui a eu accès à certaines informations, a cependant confirmé à la radio que cette affaire est «l'une des plus graves qu'ait connues le pays». Il a pourtant refusé de se montrer plus précis et de révéler pourquoi le mandat d'arrêt de l'homme d'affaires a été prolongé. «Je ne peux rien dire, mais les enquêteurs ont raison de faire ce qu'ils font, a-t-il affirmé. Ceux qui portent atteinte à la sécurité d'Israël devront lui rendre des comptes.» Dans la foulée, il a accusé l'avocat de Tannenbaum de «dire des choses fausses» en affirmant, comme il le fait publiquement depuis plusieurs jours, que son client «collabore avec les enquêteurs en répondant à toutes les questions qui lui sont posées». En fait, l'homme d'affaires n'a pas été brisé par son passage dans les geôles du Hezbollah et il garde le mutisme sur la manière dont il s'y est pris pour traiter avec une organisation qui se flatte d'être «la pire ennemie d'Israël».