Armement
Les grenades à main de la société d'armement suisse RUAG ont été retrouvées en Libye. Cette information intervient une semaine après la même découverte faite en Syrie

«Selon les photos (ndlr: publiées dans le Sonntagsblick), il s'agit d'une grenade à main de RUAG, qui provient d'une livraison faite en 2003 aux Emirats arabes unis», a déclaré dimanche le porte-parole de RUAG, Clemens Gähwiler, à Keystone-ATS. Il revenait sur une information de l'hebdomadaire alémanique.
Cela pourrait être des grenades à main faisant partie de la même livraison, qui a déjà fait les gros titres la semaine dernière. Dimanche dernier, le Sonntagsblick avait déjà signalé que de tels engins étaient entre les mains de l'alliance djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, formé de membres de l'ex-branche d'Al-Qaïda) près de la ville syrienne d'Idleb.
Une affaire similaire avait été révélée à l'été 2012. Des grenades fabriquées par RUAG avaient été découvertes en Syrie. Elles auraient été utilisées par l'Armée de libération syrienne (ALS) dans sa lutte contre le régime de Bachar al-Assad.
La Suisse avait vendu ce matériel aux Emirats arabes unis, ce dernier l'avait offert à la Jordanie, puis les armes s'étaient retrouvées aux mains des rebelles syriens.
RUAG souligne que ce cas a été réglé et que des mesures ont été prises. Et de souligner: «RUAG n’a pas livré de grenades à main au Moyen-Orient depuis 2003/2004».
Assouplissement prévu
A ce stade, on ignore si les grenades découvertes en Syrie et en Libye, dont le Sonntagsblick s'est fait l'écho, proviennent effectivement de cet approvisionnement de 2003/2004. «Nous devrions examiner physiquement ce matériel avant de pouvoir l'affirmer», a dit Clemens Gähwiler.
Cette nouvelle affaire d'armes suisses utilisées en zones de guerre est potentiellement explosive sur le plan politique. En effet, le Conseil fédéral a souscrit en juin à un projet d'assouplissement des règles d’exportation d’armes vers des pays en conflit interne, s'il n'y a aucune raison de penser que les armes seront utilisées dans ce conflit. Aujourd'hui, ce type de commerce est interdit si le pays de destination est en conflit armé, à l'échelle internationale ou interne.