Hans-Rudolf Merz sur le gril des élus
Affaire Kadhafi
La Commission de politique extérieure auditionne les ministres ce matin
Au premier jour de la session des Chambres, la pudeur continue de l’emporter face à l’étalage de la colère et du mécontentement à l’égard de Hans-Rudolf Merz. Pourtant, l’affaire Kadhafi reste très présente dans les esprits, échauffés par le prétendu «malentendu», évoqué par la Libye, concernant une éventuelle libération des otages avant le 1er septembre.
Ce mardi matin, à 7h, la Commission de politique extérieure du Conseil national tient une séance extraordinaire sur la question libyenne, au cours de laquelle Hans-Rudolf Merz et Micheline Calmy-Rey sont auditionnés. Mais les élus comptent également demander au président de la Confédération de produire la fameuse lettre du premier ministre libyen, datée du 26 août, et qui garantirait «par écrit», selon les services du ministre appenzellois, «que les deux Suisses pourront quitter la Libye avant la fin du mois». Requête à laquelle Hans-Rudolf Merz devrait en principe accéder. Ce d’autant que le président de la commission, l’écologiste argovien Geri Müller, est déjà en possession du document.
Naïveté du ministre
Que dit cette lettre? Sa formulation est-elle à ce point sujette à caution, ce qui expliquerait, au passage, les réticences du ministre radical à la rendre publique? En réalité, ce n’est pas le contenu de la missive, dont le Conseil fédéral a eu connaissance, qui pose problème. D’autant que la lettre semble bel et bien faire état d’une libération des deux otages avant la fin du mois d’août.
Bien davantage, il est reproché à Hans-Rudolf Merz d’avoir naïvement cru, en quelque sorte, qu’une assurance du premier ministre libyen suffisait à engager la Libye de Kadhafi. Or, rappellent les observateurs, un document qui n’est pas validé par le Guide suprême «ne vaut pas grand-chose»…
Retenue difficilement tenable
Le contenu de cette lettre sera-t-il rendu public? Pas forcément, répond le socialiste genevois Carlo Sommaruga: «Tout dépend s’il existe un intérêt supérieur à ne pas la dévoiler, eu égard aux otages.» Et puis, renchérit un élu, il faut également déterminer si une publication de ce document ne nuit pas davantage au président de la Confédération. «Car alors, cela voudrait dire que sa parole est mise en doute dans son propre pays…»
De toute évidence, l’affaire Kadhafi n’a pas fini de perturber la Berne fédérale. Car pour une partie des élus, la retenue, adoptée en premier lieu pour ne pas retarder une éventuelle libération des deux ressortissants retenus à Tripoli, devient difficilement tenable. Pourtant, si beaucoup d’élus estiment que les responsabilités de cette aventure doivent être tirées, personne ne souhaite véritablement «offrir une démission du président de la Confédération à Kadhafi».
Hans-Rudolf Merz devrait ainsi bénéficier d’une sorte de répit jusqu’au retour des otages, même si la majorité des élus partent du principe que le radical appenzellois ne terminera pas la législature.