Tactique dilatoire ou changement de cap? De sa propre initiative, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a téléphoné lundi au président de la Commission européenne José Manuel Barroso et proposé de reprendre les discussions sur un éventuel accord d’association et un accord de libre-échange avec l’Union. Réponse: malgré l’échec de Vilnius la semaine dernière, les portes de l’UE restent ouvertes. Pour autant que l’Ukraine remplisse les conditions, notamment mettre fin à la justice sélective. Une date pour la venue d’une délégation ukrainienne reste à fixer, mais il ne sera question dans aucun cas de rouvrir les négociations qui ont déjà duré cinq ans.

«Faire preuve de retenue»

Le coup de fil de Viktor Ianoukovitch a eu lieu peu après que la Commission a réitéré son soutien aux manifestations pro-européennes à Kiev ainsi que dans d’autres villes ukrainiennes. «Nous condamnons avec force la violence de ce week-end et nous exigeons que les droits de rassemblement et d’expression soient respectés», a affirmé une porte-parole. Elle a invité les forces de l’ordre comme les manifestants «à faire preuve de retenue». L’UE précise qu’elle est aux côtés du peuple ukrainien, mais ne demande toutefois pas la démission du président. Elle n’envisage pas non plus d’imposer des sanctions.

Et si le pouvoir imposait la loi martiale pour briser les manifestations? Les rumeurs à ce sujet ont circulé à Kiev hier. Mais selon le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, son homologue ukrainien Leonid Kozhara lui aurait promis que le pouvoir n’irait pas jusque-là.

Les capitales européennes maintiennent aussi la pression. «Les manifestations montrent l’engagement en faveur de l’Europe de milliers d’Ukrainiens, a déclaré hier le Ministère allemand des affaires étrangères. Elles montrent que le cœur du peuple ukrainien bat pour l’Europe.» A Paris, le président François Hollande a appelé le pouvoir et l’opposition à l’ouverture rapide d’un dialogue.

La crise ukrainienne fera l’objet de débats les 6 et 7 décembre lors de l’assemblée annuelle de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), sous présidence ukrainienne, à Kiev.