Les hésitations de la Ligue arabe
syrie
Les ministres des Affaires étrangères réunis dimanche soir au Caire. L’Irak, le Liban et l’Algérie se prononcent contre une intervention militaire américaine en Syrie
Divisés sur la question syrienne, les pays arabes hésitaient encore, dimanche soir, à adopter une résolution condamnant Bachar el-Assad et soutenant une éventuelle intervention militaire en Syrie. En marge des tergiversations occidentales, les ministres des Affaires étrangères des Etats membres de la Ligue arabe ont entamé leurs discussions au Caire à 18 heures en vue de sanctionner fermement, ou non, le pouvoir de Damas, porté responsable du gazage de civils à Damas le 21 août.
Le 27 août, ils avaient préalablement dénoncé un «crime horrible mené avec des armes chimiques internationalement interdites» dont «l’entière responsabilité» revenait au régime syrien. Ils avaient alors demandé que les auteurs, des «criminels de guerre», soient présentés devant la Cour pénale internationale, tout en appelant le Conseil de sécurité de l’ONU à «surmonter ses divisions» pour mettre «fin au génocide mené par le régime syrien depuis plus de deux ans». Signe d’une volonté affichée de faire entendre leur voix, la réunion d’hier, initialement prévue mardi prochain, a été avancée à la demande de certains Etats.
Après des décennies de léthargie, la Ligue arabe est récemment sortie de l’ombre avec le Printemps arabe, en soutenant dans un premier temps l’intervention militaire en Libye contre Kadhafi. Avec le soulèvement contre Bachar el-Assad, en mars 2011, l’organisation panarabe s’est ensuite distinguée par son intransigeance envers le président syrien. Dès la fin de 2011, elle a suspendu la Syrie de ses travaux. Le siège vacant a ultérieurement été remis à l’opposition syrienne.
Cependant, l’actuelle question, plus sensible, d’une attaque occidentale en Syrie est loin de faire l’unanimité. Si la rue arabe, très loquace lors de l’invasion américaine en Irak, s’est pour l’instant abstenue d’organiser des manifestations monstres comme il y a dix ans, la perspective d’une opération militaire dirigée par les Etats-Unis en Syrie fait grincer des dents dans certaines capitales.
Opposition égyptienne
Sans grande surprise, les dirigeants des pays du Golfe, Arabie saoudite et Qatar en tête, principaux soutiens militaires et financiers de l’opposition syrienne, défendent une intervention étrangère. Les Emirats arabes unis, pourtant inquiets de l’islamisation d’une partie de la rébellion syrienne, sont également partisans de cette initiative. En revanche, d’autres pays comme l’Algérie, mais également l’Irak, dont le parrain iranien continue à défendre Assad, ou encore le petit voisin libanais, n’ont cessé d’afficher leur réticence au cours de ces derniers jours.
L’Egypte, elle, se trouve dans une situation plus délicate. Les nouvelles autorités affirment ouvertement leur opposition à toute attaque occidentale «en dehors du cadre onusien». Dans un communiqué publié sur le site du Ministère des affaires étrangères, le chef de la diplomatie égyptienne prévenait en fin de semaine dernière que son pays «ne participerait à aucune frappe militaire», conformément à son «opposition à toute intervention étrangère en Syrie».
Cette position ferme, qui se distingue de celle défendue par l’ex-président Morsi, répond avant tout à des soucis internes liés à la crainte d’un embrasement régional qui serait fatal pour le pays. Mais selon certains observateurs, Le Caire pourrait se résigner, à la dernière minute, à changer de position sous la pression de Riyad et des Emirats, ses généreux bailleurs de fonds indispensables à la relève économique du pays.