Il faut remonter à 1864 pour trouver la première Convention de Genève , rédigée sous l’impulsion du fondateur de la Croix-Rouge, Henry Dunant. L’étape est considérable. Le texte, adopté par 16 Etats, est le premier qui permette une universalisation du droit international humanitaire. Elle vise à améliorer le sort des militaires blessés dans les armées en campagne. Elle sera révisée en 1906, puis en 1929. Aujourd’hui, elle protège les militaires blessés et malades dans la guerre sur terre . La deuxième convention est une adaptation à la guerre maritime.

La troisième convention découle d’un constat . Lors de la Première Guerre mondiale (1914-1918), des centaines de milliers de prisonniers ont été capturés. La troisième exhorte les belligérants à traiter en tout temps les prisonniers de guerre avec humanité. Durant la Grande Guerre, un civil a été tué pour dix militaires. Durant la Seconde Guerre mondiale, ce ratio a basculé: il y a eu autant de civils tués que de militaires. En 1945, le CICR s’évertue à étendre la protection aux civils. En 1949 naît une quatrième convention, adoptée par 64 Etats, qui institue la protection des civils en temps de guerre. Directeur de l’Académie de droit international humanitaire et de droits humains à Genève, Andrew Clapham relève que durant le deuxième conflit mondial, l’occupation de la France a provoqué une prise de conscience de la nécessité de protéger les populations civiles.

Avec 194 Etats

Aujourd’hui, 194 Etats sont parties aux Conventions de Genève. Avec l’explosion du nombre de conflits armés internes et de guerres de libération nationale après 1949, le droit humanitaire doit évoluer, estime le CICR. Deux protocoles additionnels, renforçant la protection des victimes de conflits armés internationaux et non internationaux sont adoptés en 1977. Ils posent des limites à la conduite de la guerre. En 2005 enfin, un troisième protocole additionnel est approuvé: il traite du nouvel emblème du CICR, le cristal rouge.

Andrew Clapham conteste la croyance selon laquelle les Conventions de Genève ne seraient plus appliquées. «Avec une nouvelle administration américaine, les choses sont en train de changer.» Selon le professeur, pendant des décennies, les condamnations des violations du droit humanitaire étaient quasi inexistantes. C’est dans les années 1990, avec les Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie ou le Rwanda que de telles condamnations ont réellement commencé.