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Hollande-Sarkozy: ce qu’ils pensent l’un de l’autre

Libération s’efforce d’éclairer les relations entre les deux présidentiables français avant le débat télévisé. Le Parisien énumère leurs forces et leurs faiblesses. François Hollande et Nicolas Sarkozy ont-ils encore des cartes cachées à abattre devant les caméras?

(Paris) Ségolène Royal sait de quoi elle parle. On se délecte donc de l’article de Libération qui lui redonne la parole, cinq ans après son débat de 2007 avec Nicolas Sarkozy. Le fait le plus marquant? Sa phrase de conclusion «J’en garde plutôt un bon souvenir. En sortant, on pensait tous l’avoir gagné». Et l’on se gratte la tête. «Tous», les socialistes? «Tous», les débatteurs et leurs entourages? On imagine que «Sego» veut dire là qu’elle pensait avoir terrassé «Sarko». Mais l’ambiguïté de langage est révélatrice. Difficile, pour un conseiller, de dire à son patron à la sortie du plateau TV qu’il a perdu la joute la plus importante de sa vie politique. Plus difficile encore pour le candidat d’admettre qu’il a éventuellement perdu. Au public donc, de se faire une idée…

Or pour cela, «Le Parisien» donne les bons instruments. Toujours synthétique, le quotidien de la capitale liste les atouts de l’un et de l’autre. Hollande? L’humour et son statut de favori lui donnent l’avantage. Cela devrait le conduire, sans surprise, à une ligne défensive que Libé confirme d’ailleurs. «la technique de combat de Hollande, c’est de laisser Sarkozy s’épuiser. Il veut le rendre fou» a confirmé un responsable socialiste au journal. Le président sortant, lui, a d’autres points forts: la maîtrise des dossiers et son côté «enfant de la télé». Résumé: le candidat du PS peut surfer sur la vague et porter une estocade au détour d’une plaisanterie vacharde pour déstabiliser le bûcheur Sarkozy dont Le Parisien rappelle ses deux points faibles: «l’arrogance et l’agressivité».

Toujours dans Le Parisien, ce rappel utile des précédents débats qui ont opposé les deux hommes. Trois images, trois plateaux. Février 1998, mars 1998 et mai 1999, à l’occasion des élections européennes. On apprend par la presse qu’ils se tutoient, même s’ils disent «ne pas bien se connaître». mais l’on aimerait surtout voir la couverture de Paris-Match dont se souvient Libération. Or impossible, dans la presse hexagonale, de trouver trace de cette «une» qui ne manque pas de piquant puisque l’actuelle compagne du candidat du PS, Valérie Tierweiler, officiait comme journaliste à Match. Petit monde politique hexagonal…

Embarrassé, Le Figaro

On sent Le Figaro gêné, embarrassé, affairé à trouver des failles à gauche. Son éditorial «Deux visions du 1er mai», ne fait que répéter, peu ou prou, les arguments assénés par Nicolas Sarkozy devant la marée humaine de ses militants au Trocadéro hier. La photo qui illustre ce rassemblement est d’ailleurs symbolique. Une foule de drapeaux tricolores, un peu comme si la France en danger tentait une ultime contre-offensive. Idem pour le cliché qui montre le chef de l’Etat sortant, devant son pupitre, comme flottant sur une mer de drapeaux. Sauf qu’au milieu de l’article, un chiffre fait mal, mis en évidence par le quotidien conservateur: 46,5%, soit les intentions de vote des Français en faveur de Nicolas Sarkozy selon l’IFOP. On l’a compris: un ralliement, un mouvement, un cri d’alarme… mais pas de majorité. Le dilemme du débat télévisé de ce soir ne pouvait pas être mieux résumé.

Le Canard Enchaîné, peut-être parce que le résultat de ces présidentielles semble acquis, est d’ailleurs en petite forme ce mercredi. On sent le volatile peu désireux de voler dans les plumes de François Hollande, même s’il se plaît à caqueter sur le fameux dîner de samedi, à Paris, durant lequel l’ancien député PS Julien Dray s’est permis d’inviter le sulfureux DSK. «DSK rêvait d’un début de réhabilitation, c’est raté» tranche Le Canard. L’un des articles les plus intéressant de cette édition ne porte d’ailleurs pas sur les présidentielles, mais sur le déclin de l’Occident. C’est un rapport de la Délégation Françaises aux Affaires stratégiques, une officine du ministère de la défense. 246 pages remis le 20 avril dernier, soit juste avant le premier tour. Verdict: le document «annonce un déclin de l’Occident et la fin de la suprématie américaine», plus une prolifération des menaces nucléaires. Le Canard a «froid dans le dos». Ses plumes se hérissent. Juste rappel des échéances qui attendent, sitôt élu, l’hôte de l’Elysée.

Ce qu’ils pensent l’un de l’autre

Retour au débat. Car tout est là. Deux hommes, deux visions, deux France. Alors régalons-nous des deux articles de Libé qui racontent comment François Hollande et Nicolas Sarkozy se jugent mutuellement. Le premier trouve son rival «bateleur d’estrades, être sans scrupule». Le second estime son adversaire «Sympathique, habile, sans idées». Bizarrement, aucune personnalité politique des deux camps n’a été interrogée sur ces deux hommes publics qui se sont bien sûr croisés presque chaque semaine à l’Assemblée nationale. Personne, parmi les parlementaires ou les conseillers ministériels habitués à les fréquenter, ne s’est risqué «on the record», c’est-à-dire sans la protection de l’anonymat. Facile dès lors de déblatérer. Et si les deux hommes, au fond, s’appréciaient plus que ne le laissent croire les rumeurs? On le souhaite, en tout cas, pour la démocratie française à l’heure du duel.