Les Hongkongais protestent à l’occasion de l’anniversaire de leur rétrocession
Chine
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté lundi à Hongkong à l’occasion du 16e anniversaire de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine afin de réclamer plus de démocratie et, pour certains, la démission du chef de l’exécutif inféodé, selon eux, à Pékin
Comme en 2012, les organisateurs avaient dit espérer plus de 400 000 participants à cette manifestation désormais rituelle pour les militants pro-démocratie qui dénoncent l’immixtion croissante de la Chine populaire dans les affaires de la Région administrative spéciale de Hongkong.
Mais il n’était guère plus de 50 000, selon les médias locaux, à marcher sous les trombes d’eau dues à la tempête tropicale Rumbia, entre le Victoria Park et le quartier des affaires, Central, où siège le gouvernement.
Sous le regard interloqué de nombreux touristes chinois, les manifestants ont demandé la démission de Leung Chun-Ying, le chef du gouvernement local élu par un collège de grands électeurs dont une majorité est réputée pro-Pékin.
«L’objectif principal de la manifestation est de demander une vraie démocratie et d’exiger la démission de Leung Chun-Ying», a déclaré Jackie Hung, du Civil Human Rights Front, promoteur de l’événement.
Des manifestants portaient des banderoles «La démocratie, maintenant» ou «A bas le Parti communiste chinois». D’autres distribuaient des petits drapeaux de l’époque coloniale, un phénomène récent qui agace fortement à Pékin.
«L’interventionnisme de la Chine populaire a atteint un degré tel qu’on a l’impression que Pékin veut prendre le contrôle» de Hongkong, a confié un jeune manifestant, Yu Lap-kan, 15 ans.
Le gouvernement n’a pas fourni ses propres estimations sur le nombre attendu de participants.
«Peu importe le nombre de manifestants, nous écouterons humblement ce qu’ils ont à dire», a assuré ce week-end le ministre du Développement Paul Chan.
Tôt lundi, l’hymne national chinois a retenti pour accompagner le lever de drapeau organisé au centre de conventions de Hongkong, sur le port, lors d’une cérémonie officielle.
Quelques échauffourées ont opposé la police à une poignée d’opposants à M. Leung dont un portrait a été brûlé.
Selon une enquête annuelle publiée vendredi par l’Université de Hongkong, seuls 33% des Hongkongais se disent fiers d’être Chinois, l’adhésion la plus faible depuis 1998.
Devenu le numéro 1 de l’exécutif hongkongais en 2012, Leung Chun-Ying s’était engagé à démocratiser la vie politique dans ce territoire de 7 millions d’habitants.
Son mandat doit en principe aboutir à l’élection en 2017 pour la première fois du chef de l’exécutif au suffrage universel mais ses détracteurs affirment que les réformes tardent à être mises en œuvre.
Leung Chun-Ying a lui-même reconnu lundi au cours de la cérémonie de commémoration que cette réforme était «un chantier majeur» de son administration «conformément à ce que prévoit la loi fondamentale» de Hongkong.
Un processus de consultation va être ouvert à cet effet, a-t-il ajouté, sans proposer de calendrier.
Mais la députée du Democratic Party, Emily Lau, a estimé que cette profession de foi, qu’elle juge tardive, ne suffit pas à apaiser l’impatience des Hongkongais.
«Cette année, les appels à la démission de Leung Chun-ying devraient être plus bruyants parce qu’il ne semble pas avoir fait grand-chose» depuis son entrée en fonction en juillet l’an dernier.
Zhang Xiaoming, qui dirige le bureau de liaison de Pékin à Hongkong, a balayé les critiques en avançant que si les Hongkongais pouvaient manifester en nombre, c’est qu’ils jouissent «d’une grande liberté et de droits».
Aux revendications politiques se greffe un large éventail de doléances relatives à la situation sociale à Hongkong, mégapole parmi les plus riches et chères au monde, où les écarts socio-économiques ne cessent de se creuser.