Thaïlande
Des milliers de manifestants ont affronté lundi les forces de l’ordre protégeant à coups de gaz lacrymogène et de jets d’eau le siège du gouvernement à Bangkok. La première ministre, Yingluck Shinawatra, a exclu de démissionner, en réponse à l’«ultimatum» de l’opposition. Le point sur la situation, en continu

■ 15h. Mandat d’arrêt contre le meneur des manifestations. Un mandat d’arrêt pour «insurrection» a été émis contre le meneur des manifestations en Thaïlande, a annoncé la police lundi, au soir d’affrontements entre police et manifestants voulant renverser le gouvernement. Les charges d’insurrection contre Suthep Thaugsuban «sont punissables de la peine de mort ou de la prison à vie», a déclaré à la télévision Chayut Thanataweerat, haut responsable de la police.
Reste à savoir si la menace d’arrêter Suthep sera mise à exécution: il est déjà sous le coup d’un premier mandat d’arrêt, pour avoir pris la tête de l’occupation du Ministère des finances, ce qui ne l’a pas empêché depuis de donner des meetings ou de rencontrer la première ministre.
■ 9h. La première ministre refuse l’ultimatum. Yingluck Shinawatra fait savoir, lors de sa première allocution télévisée depuis les manifestations violentes du week-end, qu’elle refuse les exigences des manifestants, qui veulent remplacer son gouvernement par un «conseil du peuple».
«Je suis prête à tout faire pour que le peuple soit heureux. Mais en tant que premier ministre, ce que je fais doit être en adéquation avec la Constitution», a-t-elle déclaré, rejetant l’idée du «conseil du peuple» non issu d’élections réclamé par l’opposition.
Elle n’a certes pas annoncé sa démission lundi, mais a laissé la porte ouverte à une éventuelle dissolution du parlement, voire à son départ. «Je ne m’accroche pas à ma position, une démission ou une dissolution du parlement pourraient être envisagées si cela pouvait calmer les manifestants et restaurer le calme», a-t-elle dit, appelant pour la énième fois l’opposition à négocier.
«Une dissolution du parlement ou une démission sont deux moyens qui respectent la loi constitutionnelle», a-t-elle insisté.
Elle s’est par ailleurs dite confiance quant au soutien de l’armée, très puissante en Thaïlande et marquée par 18 coups d’Etat ou tentatives de coup d’Etat depuis 1932, date à laquelle le pays est devenu une monarchie constitutionnelle. «Les forces armées resteront neutres. Je sais qu’elles veulent voir le pays en paix», a-t-elle dit.
■ Affrontement. La journée de ce lundi a débuté sur des échauffourées, avec jets de projectiles sur la police, qui a répliqué avec des canons à eau et un usage intensif de gaz lacrymogène, selon des journalistes de l’AFP sur place. Plusieurs personnes ont été blessées par les tirs des gaz lacrymogènes et hospitalisées.
«Descente vers le chaos», a titré en une le journal conservateur The Nation, tandis que The Bangkok Post a souligné «l’ultimatum de deux jours» lancé dimanche soir par l’opposition.
■ Etablissements fermés. Lundi, plusieurs universités et écoles de Bangkok sont restées fermées, pour des raisons de sécurité, dont le Lycée français international de Bangkok, après les violences meurtrières du week-end.