Intrusion dans un ministère en marge de la manifestation des «gilets jaunes»
France
Le porte-parole du gouvernement a dû être évacué après l'irruption de «gilets jaunes» dans la cour de ses bureaux. Paris et de nombreuses villes de province ont été le théâtre de nouvelles manifestations, avec davantage de protestataires que la semaine précédente

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a été évacué samedi de ses bureaux rue de Grenelle à Paris après une intrusion violente de «gilets jaunes» avec un engin de chantier dans la cour du ministère, a-t-il affirmé à l'AFP, confirmant une information du Parisien.
«Il y avait des 'gilets jaunes', des gens habillés en noir (...) qui ont pris un engin de chantier qui était dans la rue, et qui ont défoncé la porte du ministère (...) et cassé deux voitures. Quand il y a eu l'intrusion on a fait évacuer les personnels», a affirmé M. Griveaux.
Interrogé sur des informations faisant état de «tentatives d'intrusion» dans d'autres ministères, le cabinet de M. Griveaux n'a pas confirmé. «Ce n'est pas moi qui suis visé, c'est la République», par «ceux qui souhaitent l'insurrection, renverser le gouvernement», a souligné le porte-parole auprès de l'AFP.
Le gouvernement minimise la mobilisation
Paris a été samedi le théâtre d'une nouvelle journée de manifestation des «gilets jaunes», émaillée de violences en province et à Paris, notamment près du Musée d'Orsay et boulevard Saint-Germain. L'«acte VIII» des «gilets jaunes» a rassemblé 50000 personnes samedi en France, soit bien davantage que les 32000 mobilisés la semaine dernière, a annoncé sur LCI le ministre de l'Intérieur, tout en minimisant la portée de ce chiffre.
«50.000, ça fait un peu plus d'une personne par commune de France. C'est cela la réalité du mouvement des 'gilets jaunes' aujourd'hui. Donc, on voit bien que ce mouvement n'est pas représentatif de la France», a déclaré Christophe Castaner, qui a également condamné les heurts qui ont éclaté en marge des manifestations.
«Des mairies ont été attaquées, celles de Rennes, de Rouen, des institutions, comme le tribunal de grande instance de Perpignan, des gendarmeries ont été elles aussi attaquées, des journalistes et des journaux ont été malmenés», a-t-il ajouté, précisant que 56500 membres des forces de l'ordre avaient été mobilisés dans le pays.
«Violence nécessaire pour faire avancer les choses»
A Rouen, où 2000 personnes défilaient, un manifestant a été touché à la tête par des tirs de lanceurs de balles de défense, selon un correspondant de l'AFP. «Je n'encourage pas la violence mais malheureusement on voit qu'elle est nécessaire pour faire avancer les choses», a déclaré à l'AFP Sébastien, un auto-entrepreneur de 42 ans défilant à Rennes.
A Montpellier, quatre CRS ont été légèrement blessés à la suite de jets de pierres et de bouteilles dans le secteur de la gare Saint-Roch, selon les autorités. Un peu partout en France, les cortèges de «gilets jaunes», insensibles aux concessions de l'exécutif et au futur grand débat national, s'étaient pourtant ébranlés dans un calme relatif pour cette première mobilisation de l'année 2019 qui faisait figure de test.
«Je n'avais pas de doute sur la mobilisation. En région aussi, beaucoup de choses se font», a commenté à l'AFP Priscillia Ludosky, une des figures à l'origine du mouvement de contestation en défilant sur les quais de Seine. A Toulouse, la mobilisation était en hausse par rapport au 29 décembre, avec une mobilisation d'au moins 2000 «gilets jaunes» contre 1350 samedi dernier, mais toutefois émaillée d'incidents. A Bordeaux, ils étaient environ 4600 à manifester, retrouvant leur niveau de mobilisation d'avant les fêtes de fin d'année et consacrant la capitale de Nouvelle-Aquitaine comme l'un des bastions du mouvement.
Manifestation à Lyon
A Lyon, des milliers de personnes ont défilé dans la rue dans un parcours erratique, investissant brièvement une partie de l'A7 qui passe dans la ville. A Dijon, la situation était aussi tendue: à l'arrivée du cortège rue de la préfecture, des manifestants ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre qui ont riposté avec des tirs de gaz lacrymogène.
Lors de «l'acte VII», samedi dernier, 32000 manifestants avaient été recensés, loin des 282000 personnes mobilisées le 17 novembre pour l'acte fondateur de ce mouvement qui a d'abord ciblé la hausse du prix des carburants avant de porter des revendications plus larges sur la fiscalité. Fragilisé par cette contestation, Emmanuel Macron avait annoncé le 10 décembre une série de mesures sociales sans parvenir à éteindre la fronde.