Publicité

Joie malgré la crainte de représailles

La mort d’Oussama ben Laden a été saluée par la plupart des pays lundi. Mais les dirigeants du monde entier ont averti qu’elle ne signifie pas la fin d’Al-Qaida et du terrorisme

«Justice est faite», a lancé le président Barack Obama en annonçant solennellement le décès d’un «terroriste responsable du meurtre de milliers d’innocents». Mais il a appelé à «rester vigilant», assurant qu’il n’y avait «aucun doute» qu’Al-Qaida continuait à menacer les Etats-Unis.

Son prédécesseur George W. Bush, qui était aux commandes lors des attentats du 11 septembre 2001 et qui avait dit vouloir Ben Laden «mort ou vif», a salué une «victoire pour l’Amérique, pour les peuples épris de paix et pour tous ceux qui ont perdu des proches le 11 septembre 2001».

Pakistan pointé du doigt

Le premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a qualifié l’opération de «grande victoire» contre le «terrorisme». Le Pakistan a beau être allié des Etats-Unis, des soupçons de collusion d’éléments des services pakistanais avec Al-Qaida perdurent.

Le président afghan Hamid Karzaï a estimé de son côté que Ben Laden avait payé pour «ses actes», assurant que le fait qu’il ait été tué au Pakistan prouvait que la source du terrorisme n’était pas en Afghanistan. Dans le même ordre d’idées, l’Inde a exprimé sa «préoccupation» que différentes organisations terroristes «trouvent un sanctuaire au Pakistan».

La menace reste élevée

Pour le premier ministre britannique David Cameron, cette annonce constitue un «grand soulagement pour les peuples dans le monde». Mais, alors que Londres avait été visé en 2005 par des attentats liés à Al-Qaida, il a souligné que ce décès, «bien entendu, ne signe pas la fin de la menace du terrorisme extrémiste à laquelle nous faisons face».

Interpol, l’organisation de coopération policière internationale, a d’ailleurs mis en garde lundi contre la possibilité d’«un risque terroriste plus élevé», après l’élimination d’Oussama ben Laden.

Un avis partagé en Suisse par le chef des services de renseignement Markus Seiler. Selon lui, le décès du chef d’Al-Qaida ne va pas supprimer pour autant le terrorisme islamiste, mais il risque de susciter de nouveaux attentats. «Ce n’est pas une mauvaise nouvelle», mais cette disparition «ne changera pas grand-chose dans l’immédiat», a renchéri le ministre de la Défense Ueli Maurer.

La présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey a qualifié la décapitation d’Al-Qaida de «bonne nouvelle». «Oussama ben Laden et son organisation sont les acteurs d’un terrorisme aveugle et brutal qui a fait des milliers et des milliers de morts», a-t-elle souligné.

Prochains jours «cruciaux»

Les «prochains jours seront cruciaux car toutes les organisations liées à Al-Qaida ou qui s’en réclament vont déployer le maximum d’efforts pour commettre un attentat spectaculaire», a de son côté assuré le chef de la diplomatie israélienne Avigdor Lieberman, alors que le premier ministre Benyamin Netanyahou a applaudi un «triomphe retentissant de la justice, de la liberté et des valeurs communes des pays démocratiques».

Pour l’Espagne, visée par des attentats liés à Al-Qaida en 2004, cette mort constitue un «pas décisif» dans la lutte contre le terrorisme. En France, l’Elysée a salué «la ténacité des Etats-Unis» et un «événement majeur de la lutte mondiale contre le terrorisme».

La chancelière allemande Angela Merkel y a vu «une victoire des forces de paix», le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi «un grand résultat dans la lutte contre le mal» et l’Union européenne «un résultat majeur» dans la lutte antiterroriste, qui rend le monde «plus sûr».

Le Japon a salué «un progrès significatif» dans la lutte contre le terrorisme, tout en annonçant un renforcement de la sécurité de ses bases militaires. La confrérie égyptienne des Frères musulmans a estimé qu’«avec la mort de Ben Laden, l’une des causes de la violence dans le monde a disparu». Elle a exhorté les Etats-Unis à retirer leurs troupes d’Afghanistan et d’Irak et à «mettre fin à l’occupation des forces américaines et occidentales à travers le monde».