José Luis Rodriguez Zapatero annonce le retrait des soldats espagnols d'Irak
ESPAGNE
Quelques heures après avoir constitué son gouvernement, dans lequel la parité homme/femme est respectée à la lettre, le premier ministre socialiste a confirmé dimanche sa principale promesse électorale.
José Luis Rodriguez Zapatero avait promis de tenir ses promesses à la lettre. Sans attendre, dès dimanche soir, il a respecté son engagement le plus sérieux, celui qui a contribué le plus à sa victoire lors des législatives du 14 mars. Alors que le premier ministre socialiste, qui a prêté serment samedi, a convoqué pour ce lundi son premier Conseil des ministres, il a donné l'ordre, hier soir, que les 1300 soldats espagnols déployés en Irak reviennent «aussi vite que possible».
L'annonce a été faite à la télévision, un jour seulement après la formation officielle de son gouvernement. Avant le scrutin du 14 mars, Zapatero avait promis de retirer d'Irak les troupes espagnoles déployées par le conservateur José Maria Aznar en août 2003, en signe de soutien inconditionnel à George Bush. Sauf si, d'ici au 30 juin prochain, les Nations unies prenaient le contrôle des opérations. Or, hier, le premier ministre socialiste a écarté cette hypothèse: «Selon nos informations, il n'est pas prévisible qu'il y ait l'approbation d'une résolution de l'ONU» avant ce délai. En tout cas pas une résolution qui satisfasse les socialistes lesquels, au printemps 2003, s'étaient manifestés avec force contre l'intervention armée en Irak.
Sérieux et expérimenté
Zapatero n'en finit pas de surprendre. Au cours de son dernier mandat, Aznar n'avait de cesse de fustiger le leader de l'opposition pour «n'avoir pas d'équipe». Or le vainqueur des législatives du 14 mars vient de démontrer le contraire. Le jeune chef du gouvernement (43 ans) a fait connaître, ce week-end, la composition d'un exécutif sérieux, expérimenté et professionnel. De son propre aveu, Zapatero, dépourvu de toute expérience de gestion, tenait absolument à pouvoir compter sur des ministres au cuir dur, et dont la compétence fasse l'unanimité.
D'ailleurs, Zapatero est lui-même bien plus jeune que ses deux vice-présidents: d'un côté, l'ex-commissaire européen Pedro Solbes, 62 ans, nommé ministre de l'Economie, réputé pour sa rigueur budgétaire; de l'autre, Maria Teresa de la Vega (lire encadré), une magistrate de 54 ans, une des huit femmes de ce gouvernement paritaire. Partisan déclaré de l'égalité des sexes «dans tous les domaines», Zapatero a voulu donner l'exemple, avec d'autant plus de force que certains ministères «féminins» correspondent à des priorités de sa politique: Maria Antonia Trujillo aura la charge du logement; Maria San Segundo a hérité du portefeuille de l'Education; et Cristina Narbona, celui de l'Environnement.
Le nouveau premier ministre espagnol a donc mis l'accent sur la compétence, afin de donner le sentiment aux Espagnols que les affaires du pays «étaient en de bonnes mains». Une préférence qui s'est imposée aux dépens des proches et du propre clan de Zapatero. Ainsi, Jesus Caldera, ami personnel et «numéro deux» de Zapatero depuis quatre ans, ne sera «que» ministre des Affaires sociales et du Travail. Dans sa quête du «professionnalisme» et son rejet de tout favoritisme, le chef de file socialiste a même repêché huit personnalités de l'époque de Felipe Gonzalez – au pouvoir entre 1982 et 1996. Il a cependant pris soin d'écarter tous ceux qui avaient été mêlés aux nombreux scandales politiques et de corruption de la fin du règne de Gonzalez, au début des années 90. Conscient que les Espagnols ont davantage faim d'efficacité que de charisme, Zapatero a choisi en priorité des experts politiquement low profile. Un signe: sur les dix membres de son «comité des sages» qui l'a aidé à élaborer son programme, six sont ministres.