«Il faut qu'il sache que nous n'obéirons jamais au pouvoir américain quelle que soit la forme qu'il prend. Tout le monde sait qu'Allaoui est un Américain déguisé en Irakien», lâchait l'un d'entre eux, fermement décidé à forcer les barrages. Drapeaux et banderoles en mains, bandeaux verts ceints sur le front, Imad et Ahmed al-Kouraïchi, la trentaine, dénoncent eux aussi un gouvernement irakien aux bottes des Américains et des Britanniques. Originaires du quartier chaud de Sadr City, ils disent vouloir en finir avec «ce pouvoir corrompu» qui finalement n'est «pas mieux que celui de Saddam». Soucieux d'en découdre avec les Américains, les deux hommes prendront dès dimanche le chemin de Najaf pour lutter au côté des autres moudjahidines.
Cheikh Ra'id al-Kadhemi, du bureau de Moqtada al-Sadr à Kadhemya, un des plus importants quartiers chiites de Bagdad, sourit à la simple évocation de la Conférence nationale qui, dès dimanche, devrait lancer le processus démocratique en vue des élections générales prévues en janvier prochain. «Il nous est impossible de participer à une conférence organisée par un gouvernement qui est né par la volonté de l'occupant et constitué de traîtres. Nous réclamons un gouvernement élu, honnête, nationaliste, hautement qualifié et prêt à veiller sur la dignité et les droits des Irakiens sans recourir à l'humiliation», explique le chef religieux tout en soutenant que son mouvement est prêt à faire taire les armes. «Nous voulons arrêter les combats mais non au détriment de notre dignité et légitimité, dit-il. A chaque fois que nos droits et lieux saints seront violés nous répondrons par la force. Les Sadériens n'accepteront jamais l'ignominie».
Depuis près d'une semaine, l'Irak, et particulièrement Bagdad, vit au rythme des combats persistants à Najaf. «Chaque bain de sang versé dans la ville sainte trouve sa répercussion dans la capitale», assure un commerçant chrétien qui, à plusieurs reprises, a été sommé par les militants du Mahdi de fermer son commerce d'alcool à Kerrada. «Nous vivons un enfer au quotidien. Entre la guérilla, le terrorisme et l'armée américaine, nous mourrons à petit feu.»