Mais les choses se sont gâtées après l'arrestation, officiellement pour corruption, de Khin Nyunt en septembre 2004. Le général et ses alliés, considérés comme le clan des pragmatiques au sein de la dictature, supervisaient les activités de l'OIT.
«Le jour où Khin Nyunt a été écarté, il y a eu un durcissement, et la coopération avec l'OIT a commencé à patiner», dit Francis Maupain. Les relations se sont rapidement dégradées. Le représentant de l'OIT a reçu une vingtaine de menaces de mort par lettre au cours de l'été. «Si vous continuez à interférer dans nos affaires intérieures, votre tête va être coupée et nos gens vous écraseront et vous empoisonneront», lit-on dans l'une d'elles.
Dans le même temps, des manifestations de masse organisées par des mouvements liés à la junte birmane dénonçaient les «atteintes [par l'OIT] à la souveraineté du Myanmar [nom officiel de la Birmanie]», la presse aux ordres reproduisant in extenso les discours appelant à résister «au danger posé par les destructeurs». Plus grave, des Birmans, victimes de travail forcé, qui avaient porté plainte ont été arrêtés et condamnés à des peines de prison.
Alors que le Conseil d'administration du Bureau international du travail, dont la 294e session s'est ouverte hier, va se pencher sur le dossier birman, Rangoon doit donner un préavis de deux ans avant de quitter effectivement l'organisation. Cette période laisse ouverte la possibilité de négociations qui pourraient amener la junte à faire machine arrière. Si elle persiste, un durcissement des sanctions est à prévoir. Et les pays asiatiques voisins auront beaucoup de mal à continuer à prôner leur politique d'engagement constructif avec la dictature.