L’indignation venue d’abord des Etats-Unis et d’Europe contrastait avec la discrète célébration à laquelle se livrait la presse locale, qui diffusait des photos de hauts responsables, généralissime Than Shwe en tête, en train d’accomplir leur devoir civique. Le quotidien gouvernemental New Light of Myanmar a publié des listes de «vainqueurs» des élections dans 57 circonscriptions, dont 55 n’étaient disputées que par un seul candidat, le plus souvent pour le Parti de la solidarité et du développement de l’Union (USDP, pro-junte).

Mais les résultats officiels n’étaient pas attendus avant quelques jours dans ce pays de quelque 50 millions d’habitants, dont une grande partie vit dans des zones montagneuses et isolées. «Les responsables des bureaux de vote ont ouvert les urnes, compté les voix et enregistrés les listes de façon systématique lorsque tous les électeurs ont fini de voter», a affirmé le New Light sur son site internet avec des photos d’ambassadeurs étrangers lors de visites de bureaux de vote soigneusement orchestrées.

L’USDP, créé de toutes pièces par les militaires il y a quelques mois, semble assuré d’une victoire au parlement national bicaméral et dans les assemblées régionales, ne serait-ce qu’avec l’aide automatique des 25% de sièges réservés aux militaires en activité. Il devrait être par ailleurs secondé par le Parti de l’unité nationale (NUP), proche de l’ancien régime du général Ne Win (1962-1988), même si certains experts estiment qu’il pourrait ne pas s’aligner complètement sur la junte.

Le précédent scrutin en 1990 avait été remporté par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de l’opposante Aung San Suu Kyi. Vingt ans plus tard, la junte n’a jamais semblé aussi forte. La LND a boycotté ce scrutin et a en conséquence été dissoute. Mme Suu Kyi, en résidence surveillée sans interruption depuis 2003 et pendant 15 des 21 dernières années, est complètement isolée. Sa dernière peine de résidence surveillée, prononcée en août 2009, arrive à son terme le 13 novembre, suscitant de vifs espoirs de libération de la lauréate du prix Nobel de la paix.