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«Justice a été faite»

Cinq personnes, dont Oussama ben Laden, ont été tuées dimanche dans l’opération commando américaine menée contre la résidence du chef d’Al-Qaida à une cinquantaine de kilomètres au nord d’Islamabad, ont annoncé des responsables américains

«Justice a été faite.» Presque dix ans après qu’il a organisé l’attaque la plus meurtrière qu’ont jamais subie les Etats-Unis sur leur sol, Oussama ben Laden a été tué lors d’une opération menée par les forces américaines avec l’appui des troupes pakistanaises. Dans une adresse solennelle à la nation, Barack Obama a fait cette annonce à 23h30 locales, alors que le pays entier attendait la confirmation de cette nouvelle, qui avait filtré un peu partout, devant les écrans de télévision. L’homme le plus traqué de la planète, celui que les attentats du 11 septembre 2001 avaient fini de convertir en symbole du «terrorisme global» se trouvait caché quelque part «profondément à l’intérieur du Pakistan», a révélé le président américain, dont l’allocution, initialement prévue une heure plus tôt, avait sans doute été retardée autant pour des questions liées à la sécurité que pour calibrer au millimètre les termes utilisés.

Alors qu’elles l’avaient localisé en 2001 à Tora Bora, en Afghanistan, les troupes américaines avaient perdu la trace du chef d’Al-Qaida pendant des années. Selon Barack Obama, les indications se sont faites plus précises ces derniers mois, et, depuis la semaine dernière, les Américains étaient suffisamment sûrs de leurs informations pour lancer «l’attaque ciblée» qui a eu lieu dimanche. A en croire des sources pakistanaises, reprises par les sites d’information américains, la base d’Al-Qaida se trouvait à quelques dizaines de kilomètres seulement de la capitale pakistanaise Islamabad. Aucun Américain n’est mort dans l’attaque et le commando a pu récupérer le corps de Ben Laden tué dans les combats.

«La mort de Ben Laden marque la réussite la plus significative dans l’effort de notre pays de faire échouer Al-Qaida. Mais sa mort ne marque pas la fin de cet effort», affirmait Barack Obama: «Nous devons rester et nous resterons vigilants.» D’ores et déjà, polices et les autorités de New York ont annoncé un renforcement des mesures de sécurité dans la ville.

Dès la fin de l’allocution présidentielle, une foule de plus en plus nombreuse d’Américains en joie s’est massée devant la Maison-Blanche, à Washington, ainsi qu’à Times Square et aux abords de Ground Zero, où se dressaient autrefois les tours jumelles de New York.

Pour Barack Obama et pour le chef de la CIA Leon Panetta (qui va prendre dans quelques semaines la tête du Pentagone), la fin de Ben Laden constitue une victoire d’autant plus importante que ses restes mortels, en possession des Américains, devraient rendre impossibles les spéculations sur la réalité de ce succès. Cependant, il reste bien sûr à voir si cet événement sera de nature à faciliter le dénouement de la guerre en Afghanistan ou si, au contraire, les militants d’Al-Qaida vont redoubler d’efforts pour tenter de venger la mort de leur chef. Leur coopération désormais ouvertement affichée avec les Américains expose tout particulièrement les autorités du Pakistan, et son président Asif Ali Zardari.

Barack Obama a pris soin de répéter hier que l’Amérique n’était pas en guerre «contre l’Islam», mais contre Ben Laden qui, lui-même, était un «meurtrier de masse» de musulmans innocents. Conjuguée à l’éclosion du «Printemps arabe» un peu partout dans la région, cette annonce représente, quelles que soient ses suites, l’ouverture d’une nouvelle ère.