Les Koweïtiens votaient samedi pour un nouveau Parlement lors d’élections boycottées par l’opposition, qui accuse le pouvoir de vouloir constituer une assemblée à sa solde dans ce riche émirat pétrolier.

En fin de matinée, l’affluence était faible dans la plupart des bureaux de vote, selon un journaliste de l’AFP.

L’opposition a mené campagne pour le boycott du scrutin et des dizaines de milliers de ses partisans ont manifesté vendredi dans la capitale, protestant contre un amendement de la loi électorale jugé anticonstitutionnel.

Le bureau de vote de Salwa, dans une zone tribale à 15 km au sud de Koweït City, était quasiment désert en matinée. Seuls une poignée d’électeurs s’étaient présentés alors que plus de 4.600 sont inscrits, selon le correspondant de l’AFP.

«Je vote dans l’intérêt de mon pays», a affirmé Mahmoud Abdedine, un fonctionnaire de 47 ans. «Le gouvernement et l’émir nous donnent de bons salaires, des services publics quasiment gratuits, des aides au logement, pourquoi devrions-nous boycotter?», s’est-il demandé.

Les chefs de plusieurs tribus bédouines ont appelé leurs partisans au boycott, à l’instar des dirigeants de l’opposition islamiste, nationaliste et libérale.

L’affluence était par contre plus importante dans le secteur voisin de Rumeithiya, à prédominance chiite, les figures de cette communauté ne s’étant pas prononcées pour le boycott.

«Je ne soutiens pas entièrement le gouvernement, mais je suis en faveur du nouveau système électoral selon lequel l’électeur ne choisit plus qu’un seul candidat», dit Fatma Ahmad, une institutrice, après avoir glissé son bulletin dans l’urne.

La loi électorale contestée prévoit désormais que chaque électeur choisisse un seul candidat, alors qu’il pouvait auparavant désigner jusqu’à quatre candidats. Chacune des cinq circonscriptions que compte l’émirat élit 10 députés.

L’opposition estime que cet amendement favorisera les achats de vote et autres corruptions et permettra au pouvoir d’élire une assemblée à sa solde, mettant ainsi fin aux crises entre l’exécutif et le législatif qui paralysent la vie politique depuis des années.

Crises politiques à répétition

L’opposition contrôlait 36 des 50 sièges de la Chambre dissoute en février.

L’enjeu du scrutin, le deuxième en dix mois dans ce pays, est le taux de participation: l’opposition s’attend à un taux d’abstention de 70% alors que les candidats pro-gouvernementaux espèrent un taux de participation de plus de 50%.

Aucune figure de l’opposition ne figure parmi les 306 candidats, dont 13 femmes, en course pour les 50 sièges du prochain Parlement, qui devrait être totalement contrôlé par des élus pro-gouvernementaux.

Une centaine de bureaux de vote, installés dans des écoles, resteront ouverts jusqu’à 20H00 (18H00, heure suisse) pour accueillir les quelque 422.000 électeurs. Hommes et femmes votent séparément, et les premiers résultats sont attendus dans la nuit.

Le scrutin est le cinquième depuis la mi-2006 dans ce riche émirat pétrolier, première monarchie du Golfe à s’être dotée d’un Parlement élu en 1962 et secoué par des crises politiques à répétition.

Depuis la mi-2006, neuf gouvernements ont démissionné et le Parlement a été dissous à six reprises.

L’opposition réclame des réformes démocratiques de fond pour réduire l’emprise des Al-Sabah sur les rouages de l’Etat, avec en particulier un gouvernement élu et une meilleure lutte contre la corruption, mais elle n’a jamais contesté le règne de cette dynastie, au pouvoir depuis plus de 250 ans.

Les différends politiques ont entravé le développement de l’émirat malgré des réserves en devises de plus de 400 milliards de dollars, tirées de ses recettes pétrolières.