En revanche, toutes les autres délégations sont arrivées sur place: le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, la ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey, ainsi que ses homologues russes Sergueï Lavrov et français Bernard Kouchner et le chef de la diplomatie européenne Javier Solana, ont indiqué des responsables américains.
Une porte-parole du ministère suisse des Affaires étrangères a indiqué à des journalistes «ne pas pouvoir confirmer» que la signature des accords aura bien lieu samedi après-midi.
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton «est repartie» pour son hôtel, a indiqué le porte-parole américain Ian Kelly. La voiture qui transportait la secrétaire d’Etat américaine a fait demi-tour alors qu’elle se dirigeait vers l’Université, lieu prévu pour la signature, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le ministre arménien des Affaires étrangères Edouard Nalbandian s’entretenait samedi après-midi avec le secrétaire d’Etat adjoint américain pour les affaires européennes et eurasiennes Phil Gordon afin d’éclaircir la «difficulté de dernière minute» qui a surgi en raison des discours qui doivent être prononcés à l’occasion de la cérémonie de signature, a-t-on indiqué de source américaine.
M. Gordon se concerte également avec la délégation turque par téléphone, selon la même source. En sa qualité de médiatrice, la Suisse est également impliquée dans ces concertations de dernière minute.
Une annonce longtemps retardée
La Suisse avait annoncé vendredi soir que la cérémonie de signature des accords en vue de normaliser des relations entre les deux pays aurait lieu samedi après-midi à 17H00 locales à Zurich.
Plus tôt dans la journée, Javier Solana, à la tête de la diplomatie européenne, s’était félicité de l’accord à venir.
La Suisse parraine le rapprochement turco-arménien depuis deux ans, ainsi que les Etats-Unis et la Russie, qui la première avait confirmé la signature de ce soir à Zurich.
Mais le projet d’accord fait face à une forte opposition dans les deux pays et notamment dans l’importante dispora arménienne, particulièrement influente en France et aux Etats-Unis. et la récente tournée à l’étranger du président Sarkissian s’est soldée par d’importantes manifestations exigeant le retrait de l’accord.
S’adressant solennellement à la nation samedi, le président arménien Serge Sarkissian a assuré qu’il n’y avait «pas d’alternative à l’établissement de relations, sans conditions préalables, avec la Turquie».
Le génocide, toujours
«Avoir des relations avec la Turquie ne doit en aucune manière créer un doute sur la réalité du génocide (...) C’est un fait bien connu et qui doit être reconnu», a cependant insisté le président arménien au lendemain d’une manifestation à Erevan de plusieurs milliers d’opposants au rapprochement avec Ankara.
Au souvenir douloureux des massacres et déportations d’Arméniens en 1915-1917 (plus d’un million et demi de morts, selon l’Arménie, 300’000 à 500’000 selon la Turquie qui récuse l’idée de génocide), s’est ajouté au début des années 1990 le conflit du Nagorny-Karabakh.
Le conflit du Haut-Karabakh
Au terme d’une guerre de six ans (de 1988 à 1994), Erevan a pris le contrôle de cette enclave peuplée d’Arméniens en Azerbaïdjan, allié de la Turquie qui a fermé en 1993 sa frontière avec l’Arménie en guise de représailles.
Les accords prévoient notamment une réouverture de la frontière dans les deux mois après leur entrée en vigueur, au grand dam des nationalistes turcs qui y voient une trahison de leurs «frères» d’Azerbaïdjan.
Dans un tel contexte de ressentiments et de conflit, la médiation de la Suisse a bien eu besoin du renfort des Etats-Unis, des Européens et de la Russie.