Environnement
La pétition en ligne lancée par quatre organisations écologistes résolues à porter plainte contre l’Etat français pour son inaction atteint un nombre record de signatures

Sur le papier, il s’agit d’un appel et d’un constat. «Obnubilés par les enjeux du court terme, les Etats et les acteurs économiques restent sourds aux innombrables cris d’alarme des plus fragiles, des scientifiques, des associations […]. Pour dénoncer des mesures insuffisantes, pour garder le réchauffement sous contrôle, les recours en justice se multiplient dans le monde», indique le texte de la pétition «Stop à l’inaction, demandons justice» lancée par quatre organisations écologistes françaises et signée mercredi sur le site «L’affaire du siècle» par 1,76 million de personnes. Un record.
Dans les faits, c’est une menace juridique qui fait mouche, dont l’ancienne ministre du Logement et ancienne patronne des Verts français Cécile Duflot (mai 2012-mars 2014) a su parfaitement user. Désormais à la tête d’Oxfam France, l’ex-élue parisienne a pleinement intégré les deux facteurs qui résument l’écologie en France: sa difficulté politique récurrente, ballottée entre la gauche et le centre de l’échiquier politique, et la mobilisation populaire qui demeure forte.
Une méthode contestée
Résultat: un texte de quatre paragraphes cosigné avec Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme (FNH) et l’association Notre affaire à tous. Finalité: contraindre l’Etat à agir contre le réchauffement en multipliant les procédures juridiques face à cette «violation de plusieurs engagements de la France en matière de lutte contre le changement climatique au titre du droit international». L’Etat a deux mois pour répondre à la lettre des associations. Au mois de mars, en l’absence de réponse, celles-ci porteront l’affaire devant le Tribunal administratif de Paris.
La méthode est contestée. Le fait que deux anciens ministres – Cécile Duflot en direct, Nicolas Hulot via sa fondation – s’en prennent ainsi à la puissance publique alors que la crise des «gilets jaunes» perdure est opportuniste. Cela ressemble aux actions des lobbies de tout poil, qui utilisent le droit pour faire prévaloir leurs vues.
Les Verts en confiance
N’empêche: le réveil écologiste est net sur les réseaux sociaux. Un réveil qui inquiète le gouvernement français, au moment où les sondages laissent entrevoir une possible percée écolo aux élections européennes de mai 2019, sur le modèle de ce qui s’est passé en Bavière en octobre. Preuve de la confiance actuelle des Verts: leur tête de liste Yannick Jadot a décliné la semaine dernière l’offre de services de l’ancienne candidate socialiste Ségolène Royal, qui lui proposait une alliance.
«L’affaire du siècle» marche fort en ligne. Reste pour ce mouvement, qui n’avait pas de candidat présidentiel en 2017, à opérer dans les urnes un «casse du siècle» électoral digne du meilleur score obtenu jusque-là: 16,3% pour la liste Europe Ecologie Les Verts conduite par Daniel Cohn-Bendit en 2009, deux ans après la débandade présidentielle de Dominique Voynet (1,57% des voix).