L’un des deux auteurs présumés de la fusillade meurtrière de mercredi à San Bernardino en Californie, qui a fait 14 morts et 21 blessés, a fait allégeance au leader de l’Etat islamique Abou Bakr al-Bagdadi. Le FBI a fait cette découverte sur un compte Facebook utilisé par Tashfeen Malik, 27 ans, Pakistanaise mariée aux Etats-Unis à l’autre tueur présumé Syed Rizwan Farook, un Américain de 28 ans de parents pakistanais. Alors que les autorités policières et le président Barack Obama hésitaient encore jeudi à qualifier la tragédie d’acte terroriste, les doutes se sont dissipés. Les deux jeunes tueurs, mariés depuis 2014 et parents d’une fille de six mois, ont agi de concert pour commettre un acte clairement prémédité. Tous deux ont cherché à effacer leurs empreintes électroniques en se débarrassant de disques durs et en détruisant des téléphones portables. Ils avaient aussi en leur possession douze bombes artisanales et plus de 6000 cartouches.

Même si rien ne semble indiquer que les deux tueurs présumés ont agi sur ordre de l’Etat islamique, la nouvelle du lien entre l’EI et l’un des auteurs présumés de la fusillade de San Bernardino pourrait avoir des conséquences considérables aux Etats-Unis, qui sont déjà en pleine campagne électorale pour la présidentielle de novembre 2016. Elle va sans doute apporter de l’eau au moulin de Donald Trump qui mène largement la course à l’investiture républicaine. Le milliardaire new-yorkais a multiplié les messages islamophobes depuis quelques semaines. Il y a quelques jours, il appelait à ficher les musulmans vivant outre-Atlantique. Jeudi il a provoqué des réactions outrées en exhortant à éliminer non seulement les djihadistes de l’Etat islamique, mais également leurs familles. Face à la montée de l’Etat islamique, les candidats républicains à la Maison-Blanche et les élus du Grand Vieux Parti ont fait de la sécurité nationale un thème central de la campagne électorale. Ils jugent nécessaire de doper le budget militaire. Ils accusent le président Barack Obama d’être déconnecté de la réalité terroriste du moment tout en lui refusant une autorisation de guerre au Congrès. Face au discours va-t-en-guerre républicain, la favorite à l’investiture démocrate Hillary Clinton durcit elle aussi le ton sans désavouer pour autant la politique menée par la Maison-Blanche.

La tragédie de San Bernardino est, si cela devait se confirmer, le plus grave attentat terroriste depuis le 11 septembre 2001. Elle aura des répercussions bien plus profondes que les attaques terroristes perpétrées par les frères Tsarnaev lors du marathon de Boston en 2013. Bien que majoritairement bien intégrés, les trois millions de musulmans vivant aux Etats-Unis craignent de subir un regain d’islamophobie. La tuerie de Californie instille des craintes similaires à celles constatées au lendemain des attentats de Paris. Certains mettent déjà en gardent contre une réponse sécuritaire démesurée. Il y a quelques semaines, le directeur du FBI James Comey le reconnaissait: la principale menace ne viendra pas tant d’Américains ayant voyagé en Syrie et revenant aux Etats-Unis, mais plutôt de résidents américains qui se sont radicalisés. Pour Barack Obama enfin, dont la stratégie est de ne pas s’enliser en Irak et en Syrie, mais de coopérer et d’armer des acteurs régionaux, l’exacerbation de la question sécuritaire va indéniablement lui compliquer la tâche.