Pérou
Selon les premiers éléments publiés par un institut de sondage, les Péruviens ont durement sanctionné le fujimorisme lors des législatives de dimanche au cours desquelles un parlement dominé par les centristes a été élu

Les Péruviens ont durement sanctionné le fujimorisme, principale force politique du pays, lors des législatives de dimanche. Un parlement atomisé et dominé par les centristes a été élu, selon les premiers éléments publiés par un institut de sondage.
D'après Ipsos Pérou, dont les chiffres portent sur un échantillon représentatif de 95% des bureaux de vote, l'opposition fujimoriste (droite populiste), jusqu'ici majoritaire, arrive en sixième position avec moins de 7% des voix. Aucun résultat officiel n'a été publié à ce stade.
#ENVIVO | ONPE publica los primeros resultados oficiales de elecciones 2020 https://t.co/zK6Trs1Me1
— Política LRepública (@Politica_LR) 27 janvier 2020
Des 73 sièges sur 130 qu'il détenait, le parti Fuerza popular - principale force politique du pays -, dirigé par Keiko Fujimori, devrait en conserver dix fois moins, prédit l'analyste Fernando Rospigliosi. «C'est l'effondrement du fujimorisme, c'est une chute très lourde, un coup très dur», a déclaré à l'Agence France-Presse (AFP) Luis Benavente, directeur du cabinet Vox Populi. La gauche, divisée entre le Frente Amplio (6,1%) et Juntos por el Perú (5,1%), obtient 11,2% des voix, d'après l'institut de sondage.
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Les 130 parlementaires élus dimanche doivent siéger à peine seize mois, jusqu'au 28 juillet 2021, afin d'achever le mandat de cinq ans issu des élections de 2016.
Le parlement dissous en septembre
Le parlement unicaméral péruvien, contrôlé par les fujimoristes, a été dissous en septembre par le président Martin Vizcarra sur fond de scandales de corruption, entraînant ces législatives anticipées.
La construcción de una democracia sólida y legítima requiere de una ciudadanía activa. Hoy, los peruanos y peruanas, tenemos una nueva oportunidad para decidir. Hagámoslo con responsabilidad, pensando en el país.
— Martín Vizcarra (@MartinVizcarraC) 26 janvier 2020
Mise en cause dans le scandale Odebrecht, du nom du géant brésilien du bâtiment qui a versé durant des années des millions de dollars d'enveloppes à la classe politique latino-américaine, notamment au Pérou, la cheffe de file de l'opposition a passé treize mois en détention provisoire. A sa sortie de prison fin 2019, elle a annoncé une pause dans ses activités politiques.
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Martin Vizcarra a succédé en mars 2018 à Pedro Pablo Kuczynski après la démission de ce dernier, également à cause du scandale Odebrecht.
Un nouvel échiquier politique
«La chute de l'«establishment» et la fin de la domination des fujimoristes ont fait place nette sur l'échiquier politique péruvien», dit l'analyste Carlos Melendez.
Les partis traditionnels discrédités, de nouvelles formations ont vu le jour pour ces élections avec une myriade de candidats inconnus. Plusieurs partis centristes, dont Accion Popular (10,1%) -formation ayant reçu le plus de votes-, Alianza para el Progreso (8,0%) et le Partido Morado (7,7%), figurent dans le groupe de tête, selon Ipsos Pérou. Le chef de l'Etat, faute de parti majoritaire, devra donc nouer des alliances pour faire passer ses réformes.
L'opposition a dénoncé «un coup d'Etat» après la dissolution du parlement en septembre. Le Tribunal constitutionnel, l'armée et les Péruviens, las de la déliquescence de leur classe politique et qui approuvaient à 90% cette dissolution, selon les sondages, se sont rangés du côté du chef de l'Etat.
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«Nous demandons au nouveau parlement de respecter la lutte contre la corruption», a dit au moment de glisser son bulletin dans l'urne le procureur anti-corruption José Domingo Pérez, surnommé le «Superprocureur», qui est chargé du dossier Odebrecht.