L’Etat islamique revendique un second attentat en Allemagne
Terrorisme
Deux des quatre attaques qui ont frappé l’Allemagne depuis une semaine ont été revendiquées par l’organisation djihadiste. Trois des quatre auteurs étaient des réfugiés. La tension monte dans le pays

La Bavière vit des «jours d’horreurs». C’est un Horst Seehofer très touché qui a dressé ce constat lundi matin alors que le Land qu’il dirige depuis 2008 a été la cible de trois actes sanglants en une semaine. Après l’attaque à la hache dans un train par un Afghan, le 18 juillet, et le meurtre de neuf personnes vendredi soir à Munich par un jeune de 18 ans, c’est la petite ville d’Ansbach qui a été frappée dimanche soir. Un Syrien de 27 ans est mort dans l’explosion d’une bombe qu’il transportait lors d’un concert. Ce demandeur d’asile était en instance d’expulsion vers la Bulgarie. Quelques heures plus tôt, dans un autre Land, en Bade-Wurtemberg, un demandeur d’asile syrien avait mortellement blessé une femme, avec un couteau de boucher, après une dispute. «La vérité est que les gens ont peur», constate Rainer Wendt, président du principal syndicat de police.
Sur les quatre attaques, deux semblaient démunies de motivations politiques. En revanche, dans le cas de l’attaque à la hache de Wurtzbourg et de l’attentat-suicide d’Ansbach, les assaillants avaient fait allégeance à l’Etat islamique qui, de son côté, a revendiqué les deux attaques. «Le terrorisme islamiste a atteint l’Allemagne», constate le ministre bavarois de la Justice, Winfried Bausback,
Pour la chancelière d’Angela Merkel, critiquée sur sa droite pour sa politique d’ouverture en direction des réfugiés, le scénario du pire se joue depuis une semaine. Sur les quatre attaques, trois sont l’œuvre de demandeurs d’asile. «Nous ne devons pas porter de soupçon généralisé contre les réfugiés, même s’il y a des procédures qui sont engagées dans des cas isolés» contre eux, a déclaré le ministre fédéral de l’Intérieur, Thomas de Maizière. Au total, 59 poursuites judiciaires sont en effet en cours pour des liens avec une organisation terroriste. Ulrike Demmer, porte-parole adjointe de la chancelière rappelle aussi que le risque criminel représenté par les réfugiés dans le pays n’est proportionnellement «pas plus grand que dans le reste de la population».
Malgré ces appels au calme, les langues se délient, notamment du côté du parti populiste Alternativ für Deutchland (AfD). «Ansbach le confirme: un nouveau cas de terreur à cause de l’immigration», twittait hier matin André Poggenburg, dirigeant de l’AfD en Saxe-Anhalt. Mais le thème est également repris en Bavière, par le Parti chrétien social, proche de la chancelière. «Parmi les gens qui arrivent chez nous, il y a des personnes qui représentent un vrai danger», a lancé le ministre bavarois de l’Intérieur, Joachim Herrmann. Même message de la part du président du syndicat de police Rainer Wendt: «Nous devons nous demander qui vient et entre vraiment chez nous. Certains réfugiés sont psychologiquement tellement instables qu’ils représentent un danger.»
Pour Dietrich Munz, président de l’ordre des psychothérapeutes allemands, ces allégations sont dangereuses. Selon une étude, la moitié des réfugiés d’Allemagne souffrent de problèmes psychologiques. «Ces personnes ne sont toutefois pas plus enclines à la violence que les personnes non malades», explique Dietrich Munz. «Aucune étude sérieuse ne prouve que les réfugiés venant de zones de guerre représentent un danger», ajoute-t-il.
La succession des actes de violence pose par ailleurs la question des moyens alloués à la sécurité en cette période estivale, marquée par de nombreuses manifestations culturelles. Les réunions de crise se multiplient. Ce mardi, le gouvernement régional de Bavière se réunit en urgence pour évoquer le sujet. Hier soir, Thomas de Maizière devait rencontrer les ministres de l’Intérieur des 16 Länder. Sans donner de chiffres, il a annoncé l’augmentation du nombre de policiers dans les lieux publics. En juin, le vice-chancelier Sigmar Gabriel avait proposé la création de 3000 postes de policiers nationaux. L’idée pourrait être reprise dans les jours qui viennent.
D’autres pistes sont lancées comme l’implication de l’armée dans la défense intérieure et un nouveau durcissement de la loi concernant les réfugiés délinquants ou soupçonnés de terrorisme. «Par tradition, la politique de la sécurité intérieure est peu débattue publiquement en Allemagne, car elle implique une multiplicité d’acteurs, au niveau fédéral et régional, qui sont parfois en concurrence, constate Christian Molling, du centre de recherche berlinois Swp. On peut néanmoins dire que le travail des forces de l’ordre en matière de lutte antiterroriste a été efficace. Car rappelons-le, l’Allemagne se trouve très haut sur la liste des pays visés par l’Etat islamique.»