Boris Boillon allait tout bonnement monter dans le Thalys pour Bruxelles, à la gare du Nord, à Paris, le 31 juillet, lorsque les douaniers l’ont contrôlé. Sans reconnaître l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy qui défraya la chronique au temps où il était ambassadeur de France à Tunis, en 2011-2012, les douaniers ont demandé au voyageur s’il transportait des devises. Et, malgré sa réponse négative, ont décidé de fouiller son sac. C’est là qu’ils ont découvert, comme l’a révélé, vendredi 30 août, le site Mediapart, 350 000 euros et 40 000 dollars (30 000 euros) en liquide.

Résidant désormais en Belgique, l’ancien diplomate a expliqué que cet argent provenait de sa nouvelle activité de consultant et devait servir à créer une filiale de sa société de consulting international, Spartago. La loi interdisant le transfert dans un autre pays de l’Union européenne de sommes supérieures à 10 000 euros sans déclaration préalable, le service de police judiciaire de la douane a été saisi et le parquet de Paris a confirmé, vendredi, qu’une enquête est en cours.

Boris Boillon suscite depuis déjà quelques mois la curiosité, sinon les soupçons. Dès son arrivée à l’Elysée, François Hollande avait fait remplacer, à la tête de l’ambassade de France en Tunisie, ce «Sarkoboy», qui avait choqué, en pleine révolution tunisienne, par ses manières, son langage abrupt et la publication d’une photo un peu ridicule où il posait avantageusement en maillot de bain. Au «placard» dès août 2012, le diplomate de 44 ans avait préféré se mettre en disponibilité de la fonction publique pour se lancer dans les affaires.

Parfaitement arabophone – ses parents sont des «pieds rouges», ces anciens militants de gauche qui partirent enseigner en Algérie après l’indépendance –, Boris Boillon dispose de solides réseaux dans de nombreux pays arabes. Selon les télégrammes révélés par WikiLeaks, les diplomates américains avaient raillé, lorsqu’il était en poste à Bagdad, de 2009 à 2011, «l’ignorance», les «incohérences» et les «erreurs d’appréciation» de Boris Boillon. Ils ignoraient cependant son entregent.

Proche de Kadhafi

D’abord chargé de mission au ministère de l’intérieur, en 2006, auprès de Nicolas Sarkozy, puis, après l’élection de ce dernier à la présidentielle, «conseiller Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient» à l’Elysée, c’est lui qui organisa la venue à Paris, en décembre 2007, de Mouammar Kadhafi. Boris Boillon était un proche du dictateur libyen qui, reconnaissait-il alors, l’appelait volontiers «mon fils». Il a par ailleurs été un acteur essentiel pour convaincre Kadhafi de libérer les infirmières bulgares à l’été 2007.

Plus récemment, c’est lui encore qui serait intervenu, selon Mediapart, pour obtenir la naturalisation de l’épouse de Bachir Saleh, cet ancien directeur de cabinet de Kadhafi aujourd’hui en fuite, soupçonné d’être l’un des acteurs d’un éventuel financement par le régime libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

Boillon a aussi conservé de nombreux liens avec l’Irak. Il a fondé une entreprise de conseil «en développement d’infrastructures dans l’agriculture, l’eau ou l’énergie». Selon le site Intelligence Online, il a aussi signé un contrat avec Suez Environnement.