L’heure du test pour Obama
Etats-Unis
C’est un scrutin qui s’apparente à un référendum pour le président américain. Les démocrates de Barack Obama devraient subir un net recul et perdre au moins une des deux assemblées du Congrès
Une injustice? Une question d’incompréhension? Un engrenage infernal? Plutôt un classique du fonctionnement des institutions aux Etats-Unis: les élections du mid-term sont traditionnellement l’occasion pour les Américains de dire leur frustration et leur mauvaise humeur à un parti politique que leurs concitoyens, ou eux-mêmes, ont installé au pouvoir deux ans plus tôt… Ce mardi 2 novembre, pourtant, ce retour du balancier – qui devrait se traduire par la conquête des républicains d’au moins l’une des deux chambres du Congrès – apparaît particulièrement brutal. Il y a deux ans, toute l’Amérique semblait réunie et réconciliée derrière Barack Obama. Aujourd’hui, elle semble le rejeter avec férocité dans les mêmes proportions.
Plus que jamais, ces élections seront en effet un «référendum» sur le président. Pour une raison bien simple: il y a deux ans, il n’y en avait que pour ce jeune prodige, arrivé comme un sauveur (un messie disaient certains) dans un système politique décrédibilisé. Aujourd’hui, il fait partie du système. Pour beaucoup, il en est devenu l’emblème à abattre.
Pourtant, le président n’a pas à rougir des réalisations accomplies ces deux premières années. La réforme de l’assurance santé, le sauvetage puis la régulation du système financier… des transformations qui auraient sans doute pu être conduites davantage en profondeur encore, mais que de nombreux prédécesseurs de Barak Obama avaient tenté de mener à bien sans succès.
L’économie américaine, aujourd’hui, serait dans un état bien plus dramatique encore si l’administration n’avait pas réussi à imposer son plan de relance contre l’avis de l’opposition. Le président américain explique cela par une fable: un blessé (les républicains) refuse d’aider à faire démarrer la voiture embourbée qui doit l’amener à l’hôpital. Puis, une fois arrivé à bon port, et guéri, il s’en prend vivement à celui qui l’a amené là, expliquant qu’il se porterait mieux tout seul, à la maison. La voiture américaine, certes, n’est pas encore arrivée à «bon port». Mais surtout, une majorité d’Américains ne semblent pas disposés à écouter des fables. Ce qu’ils réclament, aujourd’hui, c’est un bûcher pour y brûler l’idole. Ou, faute de mieux, une sanction électorale.