Dans les rangs palestiniens aussi, plus le sommet de Camp David se prolonge, plus l'opposition à toute concession sur Jérusalem est forte. Cheikh Ahmed Yassine, mentor des islamistes du Hamas, a profité de la cérémonie nuptiale de plusieurs dizaines de couples pour sommer Yasser Arafat de quitter Camp David avant de devoir faire des concessions «qu'il regrettera tout le temps qui lui reste à vivre». Marwan Barghouteh, responsable en chef du Fatah, annonce pour sa part une manifestation monstre de bienvenue pour Yasser Arafat afin de «fêter en héros le retour de celui qui a su résister aux pressions américaines et israéliennes».
Crainte d'un affrontement
La crainte d'un affrontement imminent augmente pourtant au sein de la population de la bande de Gaza. Signe qui ne trompe pas: les habitants se sont mis à stocker vivres, produits de première nécessité et médicaments. Les jeunes du Fatah ont reçu des fusils d'assaut et s'entraînent quotidiennement au maniement des armes. Dans les territoires occupés, la tension monte à l'approche du moment de vérité, l'annonce dans quelques jours peut-être de l'échec ou de la réussite partielle du sommet de Camp David.
A son retour du G8 sur l'île japonaise d'Okinawa, Bill Clinton proposera, selon une source israélienne, à Ehud Barak et Yasser Arafat de signer un accord de paix partiel qui mettra fin au conflit, mais repoussera à plus tard une décision sur Jérusalem. Cette idée du président américain de mettre le statut de Jérusalem entre parenthèses pour une durée indéterminée, le dirigeant palestinien aura du mal à y souscrire. Il sait que les Israéliens sont les champions de la politique des faits accomplis. En quelques années, Jérusalem peut subir un lifting qui la rendra méconnaissable, avec l'apparition de nouveaux quartiers juifs, l'extension de ceux qui existent déjà, et l'installation en masse de familles israéliennes dans les quartiers musulman et chrétien de la Vieille-Ville. Si malgré tout un accord se dessine, le président égyptien Moubarak et le roi Abadallah de Jordanie envisageraient de se rendre à Camp David pour aider à aplanir les dernières difficultés. Les deux dirigeants arabes ne prendront cependant l'avion que s'ils ont la certitude qu'un accord est à portée de main. Dans le cas contraire, ils ne feront pas le voyage de Camp David.