L’image de la famille royale espagnole ternie
Espagne Le flamboyant gendre du roi Juan Carlos accusé d’avoir détourné des fonds publics
L’«irréprochable» famille royale espagnole vit des heures difficiles. Lundi, elle a proscrit des actes officiels Iñaki Urdangarin, le gendre du roi, marié à l’infante Cristina, la fille cadette de Juan Carlos. Une initiative inédite au sein d’une Casa Real (la maison royale) qui s’est toujours targuée d’une morale au-dessus de tout soupçon. Iñaki Urdangarin, un ancien handballeur de haut niveau, est accusé par la justice espagnole d’avoir détourné des fonds publics: entre 2004 et 2009, à travers la fondation Noos (organisme à but non lucratif dont il était président), il aurait «capté» 16 millions d’euros. L’institut Noos organisait des congrès sur le sport et le tourisme grâce au financement régional des Baléares et de Valence. Or, disent les juges, le gendre royal recourait à un système de fausses factures pour empocher une bonne partie du magot.
«Sujet d’ordre privé»
Installé à Washington avec l’infante Cristina depuis deux ans, Iñaki Urdangarin se croyait à l’abri. Ce n’est plus le cas: l’Audience nationale, l’une des principales instances judiciaires du pays, a indiqué que le flamboyant gendre sera mis en examen d’ici à février, et devra comparaître à Madrid. La Casa Real a des raisons de craindre pour son image: quoique «pièce rapportée» de la famille, Iñaki Urdangarin est «duc de Palma», titre qu’il pourrait perdre. Quant à l’infante Cristina, ancienne porte-parole de la fondation Noos, elle n’aurait certes pas été partie prenante de l’arnaque orchestrée par son mari, selon la justice.
Pour l’heure, l’entourage de Juan Carlos tente de botter en touche, en se drapant derrière «un sujet d’ordre privé» où la monarchie n’aurait aucune responsabilité. Mais, si l’affaire s’envenimait, le «plan B» est d’ores et déjà en place: L’infante Cristina, qui occupe la septième place dans l’ordre de succession, serait bannie la famille royale et perdrait ses droits dynastiques.
«On n’en est pas là, souligne Pilar Urbano, spécialiste de la monarchie. Mais la légitimité de la famille royale repose sur le fait qu’elle n’a jamais été empêtrée dans des scandales. Le moindre faux pas pourrait lui être fatal.» Choisi par Franco pour lui succéder, Juan Carlos a acquis une forte popularité auprès des Espagnols, surtout grâce à sa fermeté lors d’un putsch avorté en 1981. Mais, si le chef d’Etat veut passer le relais sans heurts à son fils Felipe (marié à la journaliste Letizia Ortiz), il doit éviter tout scandale. Pour faire bonne mesure, la maison royale, qui reçoit 9 millions d’euros par an de l’Etat, a promis le week-end passé de bientôt détailler ses comptes. Un exercice de transparence destiné à prouver que les «magouilles» du gendre Iñaki Urdangarin lui sont étrangères.