Cette attaque est revendiquée, selon les chaînes de télévisions locales, par les talibans pakistanais liés à Al-Qaïda. Ils ont juré récemment d’intensifier leur campagne d’attentats --suicide pour la plupart-- qui a déjà fait plus de 2.200 morts dans tout le pays en un peu plus de deux ans.
Après qu’un kamikaze à pied eut tué lundi cinq employés de l’ONU dans leurs bureaux ultra-sécurisés en plein centre de la capitale, et qu’un attentat suicide à la voiture piégée eut massacré 52 personnes vendredi sur un marché bondé d’une grande ville du nord-ouest, l’attaque de samedi démontre que les talibans peuvent frapper au coeur même du dispositif de la puissante armée pakistanaise.
»Nous pensons qu’ils sont dix à 15 otages, certains personnels militaires mais aussi des employés civils» de la Défense, a déclaré dans la soirée le porte-parole de l’armée, le général Athar Abbas, en direct sur la chaîne de télévision pakistanaise privée Geo.
»Il pourrait y avoir quatre à cinq terroristes dans le bâtiment» des forces de sécurité où les fuyards s’étaient retranchés, à proximité du QG de l’armée à Rawalpindi, la grande banlieue-dortoir d’Islamabad, a-t-il ajouté.
En fin de matinée, des hommes armés portant l’uniforme militaire avaient tenté de forcer en voiture l’entrée du QG.
Les gardes de sécurité leurs avaient demandé de produire leurs documents d’identité et ils avaient ouvert le feu sur eux et lancé des grenades, selon l’armée.
Six militaires ont été tués selon le général Abbas, dont un général de brigade et un colonel, ont assuré des hauts responsables des services de sécurité.
Une heure durant, d’intenses échanges de tirs d’armes automatiques ont opposé les assaillants à l’armée qui avait entièrement bouclé une grande partie de cette banlieue-dortoir tentaculaire, et des hélicoptères de combats tournoyaient sans relâche au dessus du QG de l’armée.
Le général Abbas avait annoncé une heure et demie après l’attaque que quatre des assaillants --des insurgés du principal mouvement des talibans pakistanais selon les militaires-- avaient été tués et que l’attaque était «terminée». Mais il avait précisé que deux des insurgés avaient réussi à prendre la fuite.
Des responsables militaires ont attribué l’attaque au Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), qui l’a revendiquée selon plusieurs télévisions pakistanaises.
Par crainte de nouvelles attaques, la sécurité avait pourtant été renforcée à Islamabad et à Rawalpindi, déjà transformées depuis de longs mois en véritables camps retranchés, constellés de check-points de la police et de l’armée.
Le TTP combat Islamabad, qu’il accuse de s’être alliée depuis fin 2001 à Washington dans sa «guerre contre le terrorisme».
Récemment, le nouveau chef du TTP, Hakimullah Mehsud, a juré de multiplier les attaques contre «l’Amérique et le Pakistan» pour venger la mort de son prédécesseur Baïtullah Mehsud, tué le 5 août par un des nombreux missiles tirés par les drones américains qui s’abattent très fréquemment sur les zones tribales du nord-ouest, visant les cadres d’Al-Qaïda et des talibans afghans et pakistanais.
Et, sous la pression intense de Washington, l’armée a lancé récemment des offensives contre les talibans dans le nord-ouest.
Ces derniers jours, les collaborateurs du président américain Barack Obama ont signifié que sa nouvelle stratégie pour le conflit en Afghanistan ferait une place importante au Pakistan, son porte-parole Robert Gibbs soulignant que «la plupart, sinon presque tous» les membres du réseau d’Oussama ben Laden qui chercheraient à s’en prendre à nouveau aux Etats-Unis étaient au Pakistan.