L’Italie a enterré vendredi les victimes du séisme des Abruzzes, qui a fait près de 300 morts. Des milliers de personnes ont assisté à la cérémonie marquée une solennité teintée parfois de colère.

Quelque 200 cercueils ont été disposés à même un tapis rouge sur quatre rangs dans la cour d’honneur de l’école de police de L’Aquila, l’un des rares édifices épargnés par le tremblement de terre. La plupart étaient couverts de bouquets de fleurs et de photos des défunts.

Certains proches et des membres des familles des victimes, en larmes, ont déposé un dernier baiser sur les cercueils. D’autres ont prié en silence, cinq jours après la catastrophe naturelle la plus meurtrière à frapper la Péninsule depuis 30 ans.

Plusieurs petits cercueils blancs contenant les corps d’enfants ont été déposés le long de ceux de leurs mères. Sur certains ont été placés des jouets des petites victimes, dont la plus jeune - un bébé de cinq mois - a péri avec sa maman.

«Cette journée est un chemin de croix pour chacun de nous», a confié la présidente de la province, Stefania Pezzopane, alors que les catholiques commémoraient vendredi la Passion et la mort du Christ sur la croix.

Un message du pape a été lu avant la messe, écouté par des proches des victimes en larmes ou se tenant la tête dans les mains. «Je me sens spirituellement proche de vous pour partager votre angoisse et implorer Dieu pour le repos éternel» des disparus, a dit Benoît XVI, qui a prévu de se rendre dans les Abruzzes «prochainement».

Quelque 5000 personnes ont assisté à la cérémonie célébrée par le cardinal Tarcisio Bertone, numéro deux du Vatican. Les plus hauts responsables de l’Etat italien étaient présents. Les victimes des Abruzzes «sont les morts de toute la nation», a souligné le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, visiblement très ému.

Un imam s’est aussi adressé à la foule à l’issue de la cérémonie, en hommage aux six victimes musulmanes de la catastrophe. Tous les cercueils ont été déposés provisoirement au cimetière de L’Aquila où ils ont été accueillis entre une haie d’honneur.

«C’est une journée de très grande tristesse, mais également de très grande colère», a commenté Piero Faro, venu rendre un ultime hommage à la famille d’un de ses amis tué en même temps que son fils. «Leur maison s’est tout simplement désintégrée. Cela n’aurait jamais dû se produire.»

Le gouvernement a décrété une journée de deuil national et les drapeaux étaient en berne. Des commerces et des entreprises à Rome ont cessé leurs activités pendant les funérailles. Dans les aéroports, les mouvements aériens ont été brièvement suspendus pour observer une minute de silence à la mémoire des victimes.

Le bilan du séisme d’une magnitude de 6,3 qui a touché lundi la région de L’Aquila, ville de 68 000 habitants, s’élève à 289 morts. L’espoir de retrouver des survivants dans les décombres s’amenuise et les opérations de secours devraient être interrompues prochainement.

Des répliques ont été ressenties pendant l’office de vendredi et surtout la nuit qui a précédé. Elles ont endommagé des bâtiments et provoqué la terreur parmi les quelque 17 000 personnes vivant dans des villages de toiles de tentes.

Silvio Berlusconi, qui possède au moins quatre luxieuses villas, a proposé d’héberger certains sans-abri. Il a aussi affirmé qu’il comptait obtenir de 400 à 500 millions sur trois ans des fonds européens.

Quelque 10 000 bâtiments et maisons ont été endommagés, et la polémique ne cesse d’enfler sur les défaillances des constructions et des contrôles dans un pays à très haut risque sismique. Le président de la République Giorgio Napolitano a appelé à un «examen de conscience» collectif.