Romano Prodi avait déjà annoncé, il y a quinze jours, la régularisation d'un demi-million d'étrangers d'ici à la fin de l'année 2006. Hier, en Conseil des ministres, le gouvernement de centre gauche a marqué un nouveau tournant dans la politique d'immigration du pays en approuvant une profonde réforme du code de la nationalité. Le délai de résidence nécessaire pour acquérir la carte d'identité italienne sera réduit de moitié passant de dix à cinq ans. Un examen linguistique sera toutefois imposé de même qu'un «contrôle de l'intégration sociale» du demandeur. L'octroi de la citoyenneté sera célébré par une cérémonie de «serment». Selon le Ministère de l'intérieur, les nouvelles demandes de naturalisation devraient ainsi s'élever à 18000 par an contre 10000 aujourd'hui. Mais l'association catholique Caritas calcule de son côté que près de 1,5 million d'étrangers (sur les trois millions actuellement présents dans la Péninsule) sont susceptibles d'obtenir la nationalité italienne d'ici à 2008.

Introduction du droit du sol

Au-delà, le gouvernement Prodi a opté hier pour l'introduction du droit du sol, une réforme promise par la gauche depuis plus de dix ans. Selon le projet de loi, à l'avenir, les enfants nés de parents étrangers, dont au moins un, est régulièrement installé dans la Péninsule depuis cinq ans, obtiendront automatiquement la citoyenneté italienne. Dans la même optique, les mineurs qui résident et étudient dans le pays depuis cinq ans seront également naturalisés. «Le droit du sol vient se placer à côté du droit du sang, mais ne le remplace pas» a souligné le ministre de l'Intérieur, Giuliano Amato, qui a précisé que les bénéficiaires pourront y renoncer à l'âge de 18 ans.

A droite, le président d'Alliance nationale et ancien ministre des Affaires étrangères, Gianfranco Fini, s'est déclaré «ouvert à une discussion sereine avec le gouvernement» sur ce projet de loi. A l'inverse, le parti xénophobe de la Ligue du Nord a promis de livrer bataille au parlement pour s'opposer à la mesure. «La gauche veut donner le droit de vote aux immigrés pour se maintenir au pouvoir» s'est insurgé l'ex-ministre Roberto Calderoli. «Ces nouvelles règles sur la nationalité vont donner le coup de grâce à ce qu'il reste de notre civilisation» a enchéri le parlementaire Dario Galli qui dénonce, comme chaque été, l'afflux d'embarcations chargées d'immigrés sur la petite île de Lampedusa. Alors que depuis le début de l'année, 11000 personnes ont été interceptées par les autorités italiennes sur les côtes méridionales du pays, Giuliano Amato a indiqué que «face à ce phénomène inhumain nous avons l'obligation morale et matérielle d'intervenir pour y mettre fin». Dans cette perspective, trois fonctionnaires européens sont arrivés mercredi à Lampedusa en vue d'organiser des patrouilles communes en Méditerranée. Ces opérations de surveillance pourraient dans un premier temps impliquer l'Italie, la Grèce et Malte et débuter d'ici à fin août.