L’étudiant, secrétaire général du parti d’opposition Demosisto, une organisation pro-démocratie fondée en 2016 par fusion de deux associations de lycéens et d’étudiants actifs dans le mouvement dit «des parapluies» de 2014 (marqué par 79 jours d’occupation du cœur financier et politique de la ville), a tout du radical. Engagé en politique à l’âge de 14 ans, ce fils de chrétiens issus de la classe moyenne se dit prêt à mourir pour sa cause. Il a été arrêté à plusieurs reprises par la police hongkongaise. Sa dernière interpellation remonte à dimanche, alors qu’il s’apprêtait à monter à bord de l’avion qui devait l’amener en Allemagne. Incarcéré pendant quelques heures, il avait finalement pu décoller dans la soirée.
Le charismatique étudiant en sciences politiques polarise. A ses côtés pendant la conférence de presse de Berlin, l’étudiante Glacier Kwong, chemisier de soie à lavallière, veste de tailleur sur maquillage discret, peine à attirer caméras et questions des journalistes. La tenue, le verbe… tous deux semblent beaucoup plus mûrs que des Occidentaux du même âge.
«Il est temps que le monde libre se montre responsable»
A plusieurs reprises au cours de sa conférence de presse, Joshua Wong dénonce les ventes d’armes des puissances occidentales à la police de sa cité. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis sont visés, mais aussi l’Allemagne. «En ce qui concerne l’Allemagne, nous sommes préoccupés par les fusils et les munitions qui sont vendus à Hongkong. Les chars de la police et les canons à eau sont également fabriqués en Allemagne. Aussi, je pense qu’il est temps que le monde libre se montre responsable face à la brutalité dont fait preuve la police (de Hongkong).»
Malgré l’inégalité des forces en présence, Joshua Wong veut voir en Hongkong «le nouveau Berlin». «Il y a 30 ans, personne n’avait prédit que le mur de Berlin tomberait. Avec notre pression et notre dissuasion, nous espérons simplement faire prendre conscience au monde que les habitants de Hongkong méritent la démocratie», fait valoir le jeune militant.
Pas de rencontre avec Angela Merkel
A quelques centaines de mètres de là, Angela Merkel répond à la même heure aux questions des députés du Bundestag. Son opposition l’interroge sur Hongkong. «L’essor économique de la Chine lui confère un surcroît de responsabilités sur la scène internationale», insiste la chancelière. «Au cours de ma visite (à Pékin), j’ai de nouveau souligné que le respect des droits de l’homme nous était indispensable. Cela vaut en général, mais également dans le cas de Hongkong, où nous continuons à considérer que le principe «un pays, deux systèmes» est le bon.»
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Joshua Wong n’a pas rencontré la chancelière. Mais il s’est brièvement entretenu avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Mass (SPD), provoquant la colère de Pékin qui s’insurge de ce «manque de respect». L’affront est suffisamment grave aux yeux des Chinois pour que l’ambassadeur de Chine à Berlin, habituellement des plus discrets, juge nécessaire de convoquer une conférence de presse. Le quotidien à grand tirage Bild, qui a invité Joshua Wong à Berlin, en est exclu.
L’étudiant passera encore quelques jours en Allemagne. Différents rendez-vous avec des députés du Bundestag sont prévus à son agenda. Le 17 septembre, il est attendu pour une semaine à Washington, où différents rencontres sont prévues, là encore avec des députés et des sénateurs américains.