Un embryon de réponse sera apporté, lors du sommet, par le chef d’état-major de l’Alliance, le général de l’US Air Force Philip Breedlove. Son plan, que devra mettre en œuvre à partir de son entrée en fonction le 1er octobre le nouveau secrétaire général norvégien, Jens Stoltenberg, préconise une réorganisation du commandement, et une meilleure inter-opérabilité entre forces des pays membres en Europe. L’ironie, reconnaît-on à l’OTAN, est que l’Alliance a gagné en efficacité sur les théâtres extérieurs (intervention aérienne en Libye, maritime dans l’océan Indien, Kfor au Kosovo, Afghanistan), mais qu’elle n’a pas su digérer la fatigue post-opérationnelle. «En gros, concède un de ses ex-responsables, l’idée était qu’on revenait à Mons (QG de l’Alliance, en Belgique) pour se reposer de l’Afghanistan. Or la crise russo-ukrainienne a tout changé. Les «talibans» les plus dangereux ne sont plus les islamistes afghans, mais les forces spéciales russes en Ukraine…»
La périphérie de l’Alliance
Trois leçons en résultent. La première est que les vingt-huit pays de l’OTAN doivent faire converger leur posture militaire et diplomatique. Plus l’Union européenne accroît ses sanctions contre la Russie, plus les tensions sur le terrain augmentent, et une coordination s’impose. Le fait que la France ait, hier, à la veille du sommet, annoncé sa décision de suspendre la livraison à Moscou du premier navire Mistral est, de ce point de vue, révélateur.
Le second enseignement est le grand chambardement des relations de l’OTAN avec sa périphérie. A quoi bon conserver la Russie au sein du «partenariat pour la paix» aux côtés d’Etats neutres (Suisse, Finlande, Suède, Autriche), et d’Etats désireux d’intégrer l’Alliance (Géorgie, Ukraine)? «Il y a des bons voisins, et des voisins dangereux. L’OTAN doit trier. Et réinventer des catégories», jugeait récemment une note d’Egmont, l’institut stratégique belge.
Dernière leçon: les règles d’engagement. Que vaut encore l’accord passé en 1997 avec la Russie, qui a mis fin aux relations hostiles de la Guerre froide? Et doit-on redéfinir l’article 5 de la charte de l’Alliance qui impose une réaction collective en cas d’agression envers un membre, alors que le danger intervient aujourd’hui dans un pays non membre (l’Ukraine), mais avec des conséquences directes comme l’approvisionnement énergétique pour les pays Baltes? L’Afghanistan, au regard de ces défis, paraît bien loin.