D'ores et déjà, l'UÇK a contesté la véracité de ces listes qui portent cependant le timbre et la signature de l'ancien chef des «services secrets» de l'organisation, Bislim Zypari. Les journalistes de Tema laissent entendre que la KFOR, la force de paix internationale présente depuis un an au Kosovo, ne serait pas étrangère au fait que ces noms soient aujourd'hui en leur possession. A de nombreuses reprises, les soldats de la KFOR ont entrepris des perquisitions dans les locaux de la guérilla albanaise.
Ces révélations sur les méthodes particulièrement violentes de l'UÇK à l'égard de ses ennemis politiques tombent en pleine préparation des premières élections à se tenir dans la province depuis qu'elle est administrée par les Nations unies. Vingt-sept partis participeront à ce scrutin, dont l'OSCE (Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe) confirmait en début de semaine qu'il aura lieu en octobre prochain. Alors que l'une des préoccupations de l'administration de Bernard Kouchner a été jusqu'ici de garantir une participation serbe, même symbolique, les craintes commencent aussi à poindre sur les risques d'affrontements violents entre partis albanais qui pourraient parsemer la campagne.
Il y a quelques jours, la figure montante de l'ex-UÇK et président de l'Alliance pour le futur, Ramush Haradinaj, a été blessé dans des circonstances mal définies, mais qui semblent prouver qu'il se préparait lui-même à mener un assaut armé contre un clan rival que l'on dit proche d'Ibrahim Rugova. Haradinaj, qui fut commandant de la guérilla, est actuellement soigné dans un hôpital en Allemagne.
L'autre grande figure issue de l'ex-UÇK, Hashim Thaçi, participera lui aussi aux élections sous la bannière du Parti démocratique du Kosovo (PDK). Considéré à tort ou à raison comme de plus en plus impopulaire, Hashim Thaçi semble avoir choisi la voie de la radicalisation. Il vient par exemple d'annoncer, début juillet, qu'il se retirait des institutions créées par l'ONU au motif qu'il n'avait pas été informé de la réintégration au sein de celles-ci de la minorité serbe. C'est peu dire que Thaçi et Ibrahim Rugova – qui pour sa part se tient dans une réserve qui semble électoralement payante – sont à couteaux tirés. Les deux rivaux refusent même de se rencontrer.
Reste encore, pour compléter cette course aux élections municipales qui devrait servir de premier indicateur des forces en présence, le Parti libéral du Kosovo, dirigé par Gjergj Dedaj. Tout comme celui d'Ibrahim Rugova, le nom de Gjergj Dedaj figure sur les listes établies par l'ex-UÇK. Il porte le numéro 112 et il est placé à côté du restaurant où l'on peut fréquemment le rencontrer.