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L’UE exige un accord contraignant à la Conférence sur le climat de Paris

Selon le commissaire Miguel Arias Canete, l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2° en 2030 ne sera pas atteint

Le commissaire européen Miguel Arias Cañete a demandé aux négociateurs qui se réunissent cette semaine à Bonn de mettre les bouchés doubles en vue d’un accord ambitieux à Paris. — © AFP
Le commissaire européen Miguel Arias Cañete a demandé aux négociateurs qui se réunissent cette semaine à Bonn de mettre les bouchés doubles en vue d’un accord ambitieux à Paris. — © AFP

L’Union européenne (UE) n’est pas satisfaite des préparatifs de la conférence internationale sur le climat (COP21) qui aura lieu du 30 novembre au 11 décembre 2015 à Paris. Tout en se félicitant de l’engagement pris par 150 pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, le commissaire Miguel Arias Cañete, chargé du Climat et de l’énergie, a déclaré que l’objectif de limiter le réchauffement à moins de 2° d’ici à 2030 ne serait pas atteint. «Si toutes les promesses sont respectées à la lettre, la température augmentera d’au moins 3°», a-t-il prévenu lors d’un point de presse lundi à Bruxelles.

Dès lors, le commissaire européen a demandé aux négociateurs qui se réunissent cette semaine à Bonn de mettre les bouchés doubles en vue d’un accord ambitieux. Ces derniers mettent en effet la dernière main au projet d’accord qui sera soumis aux chefs d’État et de gouvernement début décembre à Paris. Dans sa version actuelle, ce document de 34 pages compte un grand nombre de points où un consensus n’est pas encore acquis.

En réalité, les Européens se veulent exigeants à la COP21 et es­pè­rent jouer les premiers rôles dans les négociations. Lors de la dernière conférence sur le climat en 2009 à Copenhague, ils avaient été marginalisés dans les débats, qui étaient alors dominés par les États-Unis et la Chine. La conférence avait péniblement accouché d’un accord, mais sans que celui-ci n’engage les signataires. «Cette fois-ci, nous exigeons un accord contraignant», a insisté le commissaire Cañete.

Les Européens refuseraient-ils de signer un accord à Paris s’il n’est pas contraignant? Miguel Arias Cañete espère que les autres pays industrialisés suivent l’exemple européen. L’UE entend surtout mettre la pression sur les États-Unis, qui y sont toujours récalcitrants. Les républicains, qui dominent le Congrès et le Sénat, ont déjà fait savoir qu’ils ne voudraient pas d’objectifs chiffrés.

L’UE a deux autres exigences. Selon elle, les États doivent fixer des objectifs au-delà de 2030 et adopter des politiques à long terme qui mèneraient à zéro émission de gaz à effet de serre. Son propre objectif est d’arriver à une réduction de 40% par rapport au niveau de 1990, de 60% en 2050 et de 100% en 2100. Le projet d’accord en discussion à Bonn ne contient aucune référence pour au-delà de 2030.

«Message puissant»

Les Européens demandent aussi de mettre sur pied un mécanisme qui permettrait de vérifier si les États mettent en œuvre les mesures qui seront adoptées à Paris. «Un cycle d’examen tous les cinq ans est indispensable pour assurer que les objectifs globaux seront atteints, a insisté le commissaire espagnol. Il faut pouvoir comparer les efforts de chacun à intervalles réguliers.»

Si l’UE se montre offensive, c’est qu’elle estime être un bon élève en matière de réduction des émissions à effet de serre. Dans un rapport, Tendances et projections en Europe 2015, publié mardi, elle affirme avoir réduit celles-ci de 23% entre 1990 et 2014. «Dès lors, nous sommes certains de respecter nos engagements pour 2030, a déclaré Miguel Arias Cañete. Le message puissant que nous voulons envoyer à la veille de la Conférence de Paris est que l’Europe tient ses engagements.» Le rapport indique aussi que l’UE atteindra ses objectifs de réduire la consommation énergétique de 20% d’ici à 2020 et d’augmenter l’efficience énergétique de 20% à cette même échéance.