En réalité, les Européens se veulent exigeants à la COP21 et espèrent jouer les premiers rôles dans les négociations. Lors de la dernière conférence sur le climat en 2009 à Copenhague, ils avaient été marginalisés dans les débats, qui étaient alors dominés par les États-Unis et la Chine. La conférence avait péniblement accouché d’un accord, mais sans que celui-ci n’engage les signataires. «Cette fois-ci, nous exigeons un accord contraignant», a insisté le commissaire Cañete.
Les Européens refuseraient-ils de signer un accord à Paris s’il n’est pas contraignant? Miguel Arias Cañete espère que les autres pays industrialisés suivent l’exemple européen. L’UE entend surtout mettre la pression sur les États-Unis, qui y sont toujours récalcitrants. Les républicains, qui dominent le Congrès et le Sénat, ont déjà fait savoir qu’ils ne voudraient pas d’objectifs chiffrés.
L’UE a deux autres exigences. Selon elle, les États doivent fixer des objectifs au-delà de 2030 et adopter des politiques à long terme qui mèneraient à zéro émission de gaz à effet de serre. Son propre objectif est d’arriver à une réduction de 40% par rapport au niveau de 1990, de 60% en 2050 et de 100% en 2100. Le projet d’accord en discussion à Bonn ne contient aucune référence pour au-delà de 2030.
«Message puissant»
Les Européens demandent aussi de mettre sur pied un mécanisme qui permettrait de vérifier si les États mettent en œuvre les mesures qui seront adoptées à Paris. «Un cycle d’examen tous les cinq ans est indispensable pour assurer que les objectifs globaux seront atteints, a insisté le commissaire espagnol. Il faut pouvoir comparer les efforts de chacun à intervalles réguliers.»
Si l’UE se montre offensive, c’est qu’elle estime être un bon élève en matière de réduction des émissions à effet de serre. Dans un rapport, Tendances et projections en Europe 2015, publié mardi, elle affirme avoir réduit celles-ci de 23% entre 1990 et 2014. «Dès lors, nous sommes certains de respecter nos engagements pour 2030, a déclaré Miguel Arias Cañete. Le message puissant que nous voulons envoyer à la veille de la Conférence de Paris est que l’Europe tient ses engagements.» Le rapport indique aussi que l’UE atteindra ses objectifs de réduire la consommation énergétique de 20% d’ici à 2020 et d’augmenter l’efficience énergétique de 20% à cette même échéance.