Europe
La semaine dernière, l'Union européenne avait fait part de sa «préoccupation» après la prise d'assaut par la police de deux chaînes de télévision proches de l'opposition

L'Union européenne s'est engagée à travailler avec le futur gouvernement turc, après les élections dimanche marquées par la victoire écrasante du parti du président Recep Tayyip Erdogan, et attend lundi les premières conclusions des observateurs internationaux sur la tenue de ce scrutin.
«Les élections de dimanche en Turquie, qui ont été marquées par un taux de participation élevé, ont réaffirmé l'engagement fort du peuple turc pour les processus démocratiques», ont affirmé dans un bref communiqué la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le commissaire à l’Élargissement, Johannes Hahn.
«L'Union européenne va travailler avec le futur gouvernement afin d'améliorer le partenariat avec la Turquie et de continuer à faire progresser notre coopération dans tous les domaines pour le bénéfice de tous les citoyens», poursuivent les deux responsables européens.
Avec la crise migratoire, l'UE veut qu'Ankara accueille davantage de réfugiés et renforce la surveillance des frontières en échange de moyens, de la relance des discussions sur sa candidature à l'UE, et d'un accès facilité aux visas.
Dimanche, le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan a déjoué tous les pronostics, en retrouvant la majorité absolue au Parlement, ce qui va lui permettre de s'atteler seul à la formation d'un gouvernement.
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Pour le président Erdogan, c'est une revanche après un revers retentissant: le 7 juin, son parti avait perdu le contrôle total qu'il exerçait depuis 13 ans sur le Parlement et remisé son rêve d'instaurer une «superprésidence».
Dans son communiqué, l'UE dit «attendre avec impatience les premières conclusions présentées lundi par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le BIDDH», en charge plus particulièrement de la promotion des droits de l’homme.
La semaine dernière, l'UE avait fait part de sa «préoccupation» après la prise d'assaut par la police de deux chaînes de télévision proches de l'opposition.
«Comme tout pays qui négocie son adhésion (à l'UE), la Turquie doit s'assurer qu'elle respecte les droits de l'homme, y compris la liberté d'expression», avait affirmé une porte-parole.
«Nous attendons de ces élections qu'elles soient conformes aux standards démocratiques internationaux», avait-elle ajouté.
Exil d'un poète
Le poète et journaliste kurde Yilmaz Odabasi a annoncé dimanche soir avoir «quitté» la Turquie pour s'exiler en France en signe de protestation à la victoire éclatante du parti islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan aux élections législatives.
«Je suis actuellement en Suisse et j'ai quitté la Turquie à partir d'aujourd'hui en signe de protestation politique», a écrit le poète engagé sur son compte Twitter.
"Celladına aşık olmuşsa bir millet(...)" Sözümü tutacak, İsviçre'den Fransa'ya geçerek oraya yerleşeceğim!
— Yılmaz Odabaşı (@yilmazodabasi) November 1, 2015
M. Odabasi, 53 ans, emprisonné et torturé lors du coup d'Etat militaire de 1980 en Turquie, a affirmé que le peuple turc était «amoureux de son bourreau» pour avoir à nouveau voté massivement (49,4%) pour le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002.
«Moi qui n'ai pas abandonné la Turquie malgré ce que cela m'a coûté depuis le putsch militaire de 80, je suis parti !», a ajouté l'intellectuel, condamné à dix-huit mois de prison et incarcéré en 1999 pour avoir «insulté» fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk, dans son recueil de poésie "Rêve et vie".