L’UE tient fermement à la libre circulation
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Les ministres européens de l’Intérieur, réunis à Bruxelles, recommandent de combattre les abus. La Suisse suit ce débat de près
La libre circulation des personnes au sein de l’Union européenne constitue l’une de nos valeurs fondamentales. Il n’est donc pas question de la mettre en cause. C’est la réponse de la Commission au Royaume-Uni, mais aussi à l’Allemagne, à l’Autriche et aux Pays-Bas, qui réclament la modification des règles en la matière. «Si abus il y a, il faut agir pour les stopper», a répondu jeudi la commissaire Viviane Reding, chargée de la Justice.
Le ton était ainsi donné pour les ministres européens de l’Intérieur, réunis jeudi et vendredi à Bruxelles. La Britannique Theresa May a dénoncé l’abus du système social dans son pays par des migrants. Selon elle, de nombreux «touristes sociaux», plus particulièrement d’Europe de l’Est, viennent au Royaume-Uni dans le seul but de bénéficier de généreuses prestations sociales. Ce même argument a été mis en avant par l’Allemagne, où les services sociaux dans certaines villes seraient parasités par les immigrés pauvres, notamment ceux venus de la Bulgarie et de la Roumanie.
Ce débat a pris toute son ampleur du fait que, dès le 1er janvier 2014, les citoyens de ces deux récents pays membres de l’UE pourront travailler dans tous les Etats de l’Union. Dans ce contexte, Londres réclame un changement des traités européens, pour casser l’automaticité de la libre circulation. Theresa May a souhaité que celle-ci fasse l’objet de négociations avec les nouveaux adhérents à l’UE, et qu’elle soit effective lorsque ces derniers auront atteint un certain niveau de vie. Les ministres de l’Intérieur ont reconnu qu’il y avait des abus, mais qu’ils devaient être combattus par les législations nationales.
Ce débat concerne aussi la Suisse, d’autant plus que les Vingt-Huit engagent des négociations de facilitation de visas avec l’Ukraine, l’Azerbaïdjan, la Moldavie et la Turquie. «Nous avons connu une telle situation par rapport à la Serbie et à la Macédoine, a expliqué la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, cheffe du Département de justice et police. (DFJP), présente hier à la réunion. Dans les deux cas, nous avons fait comprendre que les demandes déposées par les candidats à l’asile seront rejetées.» En ce qui concerne les nouveaux pays, la conseillère fédérale a insisté pour que les règles soient bien négociées à l’avance.
Recrutés par Al-Qaida
Egalement à l’agenda, des mesures proposées par la Commission visant à éviter les catastrophes liées à l’immigration, comme celle de Lampedusa en octobre. Il s’agit surtout de renforcer la surveillance en Méditerranée et la lutte contre les passeurs.
Autre sujet: le nombre grandissant d’Européens, entre 1500 et 2000, qui sont recrutés par des organisations terroristes comme Al-Qaida. L’UE veut prévenir ce phénomène, notamment en identifiant les candidats potentiels. La France, la Belgique, l’Allemagne et la Suisse sont parmi les Etats concernés.
Sur un autre registre, Simonetta Sommaruga a été confrontée hier aux questions de ses homologues quant à la votation du 9 février prochain sur l’initiative populaire contre l’immigration de masse. «J’ai expliqué que la démocratie directe est un grand acquis pour la Suisse, mais qu’elle comporte aussi des responsabilités, a-t-elle déclaré. Mes collègues ont montré beaucoup de respect pour notre système, et disent vouloir suivre les résultats avec intérêt.»