Les «marcheurs» suisses seront aussi au rendez-vous. «On a reçu une centaine de demandes en provenance de Genève et de Lausanne» confirme l'un des responsables de l'accueil d'«En Marche !», le mouvement d'Emmanuel Macron, dont les équipes s'affairent depuis vendredi soir à Lyon, au palais des sports de Gerland. C'est là, ce samedi vers 16h, que l'ancien ministre français de l'économie s'exprimera. Plus de 6000 personnes sont attendues.

Lancement officiel

Une mobilisation destinée à contrebalancer l'autre moment politique fort, à l'extrémité opposée de la capitale des Gaules: les Assises présidentielles de Marine Le Pen, au Centre des Congrès. La présidente du Front national y prononcera dimanche le discours de lancement officiel de sa campagne pour l'Elysée. Point fort: les 144 engagements de la candidate, rendus publics ce samedi et répartis en sept chapitres: une France libre, une France sûre, une France prospère, une France juste, une France fière, une France puissante, une France durable. 

Hologramme de la partie

Le choix de Lyon est celui d'un champ de bataille. La métropole rhodanienne, dont le maire socialiste Gérard Collomb est depuis le début l'un des piliers de la campagne d'Emmanuel Macron, est un terrain d'affrontement politique majeur, où  le candidat de la gauche radicale Jean Luc Mélenchon a choisi aussi d'être présent d'une manière très originale. Le ténor de la «France insoumise», aujourd'hui talonné dans les sondages par le socialiste Benoit Hamon, sera dimanche à Lyon en personne, tandis que son hologramme parlera à ses supporters parisiens, également rassemblés. Une première technologico-politique.

Fillon a renoncé à venir

«Lyon a d'abord été choisi par Marine Le Pen pour lancer ses 144 propositions puis tout s'est enclenché apprend-t-on dans l'édition matinale du Progrès de Lyon. Mélenchon voulait en découdre avec elle. Et Gérard Collomb a compris que sa ville serait, dans un tel contexte, un tremplin parfait pour Emmanuel Macron». Fait symbolique: la Lyon-mania a même faillit emporter le camp de François Fillon, le candidat aujourd'hui assiégé de la droite, empêtré dans l'affaire des rémunérations perçues par son épouse entre 1998 et 2013.

«Inébranlable détermination»

L'idée que Fillon débarque aussi au bord du Rhône avait été suggérée par le très ambitieux patron de la région Auvergne-Rh^ne-Alpes , Laurent Wauquiez, numéro deux du parti Les Républicains. Le «Penelopegate» est passé par là. François Fillon a néanmoins dû annuler le déplacement qu'il devait effectuer ce week-end au Liban et en Irak. La bataille qui se joue à Lyon sera suivie de près à son QG parisien, bousculé par l'inquiétude des élus conservateurs devant la chute dans les sondages du vainqueur de la primaire de la droite. Lequel a néanmoins répété, vendredi sur Facebook, son «inébranlable détermination» à demeurer dans la course à l'Elysée.

Guerre de l'ombre

Lyon, champ de bataille de la présidentielle Française ? A J-80 du premier tour du 23 avril, la ville est surtout le théâtre d'une guerre de l'ombre, tant les sables politiques sont mouvants. A droite, la possibilité de voir malgré tout François Fillon se retirer engendre déjà un chamboulement complet, et ravive les rivalités de personnes. A gauche, la percée inattendue de Benoit Hamon durant la primaire du parti socialiste a bouleversé la donne. De quoi donner des ailes aux partisans de Marine Le Pen, jusque-là peu ébranlée par une autre affaire qui lui colle aux basques: l'emploi de faux assistants parlementaires au parlement européen, qui exige le remboursement de prés de 300 000 euros.

Marine Le Pen en finale

«Trump a gagné face aux «fake news», c'est à notre tour de déjouer les sondages militants du système, de renvoyer Fillon à son manoir et Macron à la banque Rotschild» a tonné d'emblée le jeune sénateur-maire de Fréjus David Rachline, directeur de la campagne de Marine, sous les slogans «Au nom du Peuple» et «Remettre la France en ordre». Un scénario possible ? Forte aujourd'hui de 27% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle selon les sondages, la présidente du Front National n'a jamais été aussi haut. Elle tiendra dix grands meetings jusqu'au 23 avril, dont le dernier à Marseille le 19 avril. Sa présence en finale de la course à l'Elysée relève donc, pour l'heure, de l'évidence. Même si toutes les enquêtes d'opinion la donnent ensuite nettement battue par Fillon ou Macron.