Etats-Unis
Dimanche matin, la demande de l'administration Trump de rétablir l'application du décret bloqué par un juge fédéral a été rejetée

Le bras de fer entre la Maison-Blanche et la Justice américaine se poursuit à un rythme haletant. Dimanche matin, la cour d'appel a débouté l'administration Trump dans sa demande d'annuler la suspension de l'application du décret anti-immigration décidée par le juge fédéral James Robart vendredi. Le département de la Justice avait fait appel samedi soir de la décision du juge bloquant l'application de ce décret signé il y a huit jours, rouvrant ainsi les portes des Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans.
Swiss et plusieurs autres compagnies aériennes comme Air France, Qatar Airways ou encore Lufhansa ont recommencé samedi à transporter vers les Etats-Unis les ressortissants des sept pays qui étaient interdits d'entrée, après le blocage par un juge du décret de Donald Trump. Elles appliquent ainsi les nouvelles directives de la justice américaine lorsque les passagers concernés possèdent un visa en règle. "À l'heure actuelle, tous les passagers munis de documents de voyage valables peuvent voyager sur n'importe quel vols Swiss à destination des Etats-Unis", a assuré la Compagnie Swiss. D’autres compagnies restent plus prudentes face à une situation encore incertaine.
Décret bloqué
Cette décision des compagnies aériennes a été prise après le blocage vendredi soir par le juge fédéral de Seattle, James Robart, du décret du président américain interdisant l'entrée des Etats-Unis pendant trois mois aux ressortissants de sept pays (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen), ainsi qu'à tous les réfugiés pendant quatre mois. Les compagnies aériennes auraient reçu un avis de l'aéroport JFK à New York sur l'arrêt de l'application du décret du président américain. Mais cette autorisation pourrait en effet n'être que temporaire. Elle est valable sur l'ensemble du territoire américain, le temps qu'une plainte déposée lundi par le ministre de la Justice de l'Etat de Washington, Bob Ferguson, soit examinée sur le fond. "La Constitution a gagné aujourd'hui", a déclaré Bob Ferguson lors d'une conférence de presse vendredi à Seattle. "Personne n'est au-dessus de la loi, pas même le président", a-t-il ajouté.
Trump en colère
La réaction de Donald Trump n’a pas tardé dans une salve de tweets: "L'opinion de ce soit-disant juge, qui en gros prive notre pays de sa police, est ridicule et sera cassée!", a prévenu Donald Trump." "Quand un pays n'est plus capable de dire qui peut et qui ne peut pas entrer et sortir, surtout pour des raisons de sûreté et de sécurité - gros problème!", s'est-il exclamé dans un autre. Le ministre de la Justice entend déposer une injonction d'urgence pour faire appliquer le décret et annuler la décision du juge fédéral, a affirmé la Maison Blanche.
Visas valides
Malgré cette manifestation de mauvaise humeur, le Département d'Etat est d'ors et déjà revenu sur la révocation des visas liée au décret Trump. La diplomatie américaine a annoncé samedi être revenue sur la révocation de quelque 60.000 visas pour les Etats-Unis. "Nous avons renversé la révocation provisoire des visas entraînée par le décret présidentiel 13769. Les personnes munies de visas qui n'ont pas été physiquement annulés peuvent désormais voyager si le visa est valide", a expliqué une porte-parole du département d'Etat dans un communiqué.
Manifestations à Londres, Berlin, Paris et Berne
"Trump à la poubelle!", "Combattez l'ignorance, pas les immigrés!" : plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Londres, Berlin et Paris contre le décret anti-immigration du président américain Donald Trump.
Dans la capitale britannique, quelque 10.000 manifestants, selon le Guardian, se sont rassemblés en fin de matinée devant l'ambassade des Etats-Unis à l'appel de plusieurs organisations antiracistes, pacifistes ou opposées aux mesures d'austérité, dont "Stand Up to Racism", "Stop the War Coalition" et "The People's Assembly Against Austerity".
Les organisateurs dénonçaient également la "collusion" entre la Première ministre conservatrice Theresa May et le milliardaire, qu'elle a invité à effectuer une visite d'Etat au Royaume-Uni dans le courant de l'année. "Si Theresa May persiste à vouloir inviter Trump, nous finirons par paralyser cette capitale ", a prévenu Chris Nineham, vice-président de l'organisation "Stop the War Coalition".
Lundi, une manifestation similaire avait rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes sur Whitehall, la grande avenue du centre de Londres où se trouvent des ministères et la résidence de la Première ministre.
A Berlin, environ 1.200 personnes, selon la police, se sont réunies dans l'après-midi devant la Porte de Brandebourg pour protester contre le décret anti-immigration. Arborant des affiches sur lesquelles on pouvait notamment lire "Combattez l'ignorance, pas les immigrés !", les manifestants se sont rendus jusque devant l'ambassade des Etats-Unis située à proximité.
A Paris, un millier de personnes, dont de nombreux étrangers installés dans la capitale française, ont elles aussi manifesté contre le décret anti-immigration du président américain.
A Berne, 800 personnes se sont réunies pour manifester contre le racisme. Elles répondaient à l'appel du collectif "Droit de rester", du Collectif R de Lausanne et de plusieurs autres groupements, comme Solidarité sans frontières. "La Suisse a un problème de racisme", selon un communiqué des organisateurs. Le mépris, l'exploitation, la discrimination et la stigmatisation raciste sont selon eux ancrés aujourd'hui au coeur de la société. La manifestation entend dénoncer aussi bien le racisme ouvert des populistes de droite que le racisme au niveau de la constitution, des lois, du régime de l'asile ou de la police, ajoutent les organisateurs.